Les anciens chefs d’État Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo se sont retrouvés, à Bruxelles.

Les retrouvailles entre les deux anciens présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié sonnent creux. C’est un coup d’épée politicien dans l’eau car le manque de crédibilité des deux protagonistes est patent. Pire, ils ont, tous les deux, une grande responsabilité dans la crise sanglante qui a secoué le pays de l’éléphant.

Bédié, pour commencer qui a échoué lamentablement en tant que successeur du père de l’indépendance ivoirienne, Houphouët Boigny, par incompétence et manque de leadership.

Il a surtout fait l’éloge du concept absurde d’«ivoirité » pour diviser le peuple et sauver une présidence boiteuse qui a fini par sombrer dans un coup d’État. Une première désastreuse qui fut le déclic d’une descente aux enfers, si on peut dire.
Bédié fut ex-filtré et quitta son pays, dans la honte.

Mais son échec aura semé les graines de l’instabilité, avec l’avènement du militaire Robert Guei qui sera battu lors d’élections « taillées sur mesure » (exclusion de Bédié et de Ouattara) par Gbagbo. C’est ce dernier qui continuera l’œuvre néfaste de son hôte du jour, après la parenthèse Guei, noyée dans le sang.

Sa présidence fut celle de toutes les dérives populistes qui sèmeront violence et chaos, avec une guerre civile meurtrière. Gbagbo sera arrêté et déféré, puis transféré à la cour pénale internationale. Sept ans plus tard, il est acquitté, mais la messe n’est pas encore dite, raison pour laquelle il est encore obligé de rester en Belgique.

À l’évidence la rencontre du jour ne peut effacer le sang versé et les milliers de vies sacrifiées pendant la guerre civile. Pardonner oui, mais il faut aussi et surtout rendre justice, en situant les responsabilités et, en gardant à l’esprit que : « les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Il faut donc dénoncer les nouvelles déclarations de Bédié sur l’ivoirité dont le but est d’exacerber les tensions sociales et de cibler les étrangers. La Côte d’Ivoire a déjà vécu la tragédie suscitée par de telles diatribes.

Les retrouvailles Gbagbo/Bédié sont, à cet égard, un événement, certes de peu de poids sur l’échiquier politique ivoirien qui s’est recomposé, mais qui doit pousser à une vigilance accrue de tous les démocrates authentiques. Les deux « revenants » se retrouvent avec des partis politiques éclatés et leur leadership est durement challengé.

En vérité le FPI (front patriotique ivoirien) de Gbagbo et le PDCI (parti démocratique ivoirien) de Bédié sont très affaiblis et les nouvelles générations ne sont plus des « die-hard », ni de l’un, ni de l’autre des protagonistes. Ils sont très majoritairement attirés par le RHDP (rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) et apprécient les résultats spectaculaires de la politique économique du président Ouattara.

Ce dernier est entrain de propulser la Côte d’Ivoire sur les rampes de l’émergence, et cela est indubitable. Le pays est la locomotive de l’Afrique de l’Ouest (zone UEMOA) et s’est installé, depuis de nombreuses années dans le peloton de tête des économies les plus performantes du monde.

La Côte d’Ivoire se développe à vue d’œil et aussi bien les grandes Institutions mondiales comme le FMI et la Banque mondiale, que les investisseurs privés et étatiques, s’accordent sur son dynamisme économique remarquable. Cette situation qui contraste avec les piètres performances des présidences Bédié et Gbagbo, ne plaît pas aux « déjeuneurs » de Bruxelles. Ils veulent mettre du sable dans le couscous, ou plutôt l’attiéké national.

La Côte d’Ivoire a tourné définitivement l’ère des revanchards et des xénophobes.
Elle aspire à la paix et à la tranquillité, à la compétition démocratique libre et respectueuse des règles de droit. Non aux coups-fourrés et aux deals, sans lendemain. Gbagbo et Bédié sont des hommes du passé.