De nouvelles manifestations d’opposants contestant la réélection du président Paul Biya ont conduit à une centaine d’interpellations au Cameroun. Le pouvoir camerounais accuse ouvertement l’opposition de vouloir déstabiliser le pays.
117 personnes ont été interpellées samedi lors de marches non autorisées qui ont réuni des centaines de personnes dans plusieurs villes du pays, selon les autorités camerounaises.
Ces interpellations ont eu lieu lors de manifestations organisées par le parti de Maurice Kamto, ancien candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre qui ne reconnaît pas le résultat officiel validé par le Conseil constitutionnel. Les autorités ont dénoncé une « tentative de déstabilisation du Cameroun ».
À Paris, une cinquantaine de manifestants camerounais ont envahi samedi soir l’ambassade du Cameroun, saccageant notamment des portraits du chef de l’État. Une correspondante de la télévision d’État camerounaise a été « sauvagement prise à partie » par les manifestants, a indiqué dimanche la CRTV, citée par l’AFP.
Depuis le scrutin, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC contre ce qu’il qualifie de « hold-up électoral ». L’ex-candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) revendique la victoire après être officiellement arrivé deuxième dans les urnes (14,23% des suffrages) derrière Paul Biya, 85 ans, réélu (71,2%) pour un septième mandat consécutif.
Toutes les manifestations organisées par l’opposition depuis octobre ont donné lieu à de nombreuses arrestations. Peu de militants arrêtés ont toutefois été déférés, la plupart étant relâchés au terme de leur garde à vue.
Samedi, un important déploiement des forces de l’ordre était visible à Yaoundé et à Douala, les capitales politique et économique du Cameroun.
Selon l’AFP, plusieurs personnalités publiques ont été arrêtées samedi, dont Paul-Eric Kingue, l’ancien directeur de campagne de Maurice Kamto, ainsi que plusieurs avocats renommés du MRC.
Depuis 1982, Paul Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s’appuyant sur l’administration et sur un parti-État, le RDPC, qu’il a créé en 1985.