C’est l’une des semaines les plus compliquée de l’histoire du parti de la Justice et du développement (PJD), principal parti de la coalition gouvernementale au Maroc. Proie depuis plusieurs mois à des luttes intestines, le parti du chef de gouvernement est cette fois à l’épreuve d’un texte de loi très polémique. Adopté à la majorité par la chambre des représentants (première des deux chambres du parlement marocain), la loi cadre relative à la réforme du système éducatif a semé la discorde au sein du parti.
Connu pour son panarabisme, le PJD s’est trouvé dans une situation très complexe. En effet, le texte élaboré par le gouvernement qu’il préside prévoit l’enseignement des matières scientifiques en langue française. Une mesure très contestée par son ancien leader et ancien chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane.
Dans un message adressé aux parlementaires de son parti, Benkirane les avait appelé à voter contre le texte en question. Subissant beaucoup de pression, plusieurs parlementaires du PJD ont choisi de ne pas assister à la séance plénière consacrée au vote dudit texte dans la soirée du lundi. Deux d’entre eux ont toutefois dit non au projet de loi.
Souvent silencieux, l’actuel SG du parti et chef de gouvernement, Saad Eddine El Othmani est sorti de son mutisme pour répondre aux attaques de son prédécesseur. « Le PJD n’a pas renoncé à ses principes ni à son référentiel islamique » a affirmé le responsable en fin de semaine dernière lors d’un meeting de la jeunesse de son parti.
Le PJD sera toujours fidèle à ses principes et aux orientations idéologiques dûment inscrites dans ses statuts, a-t-il affirmé. Adressant un message à son prédécesseur, El Othmani a rappelé que « le PJD est un parti d’institutions et non de personnes. Il se doit, de ce fait, d’être fier de ses institutions, sans lesquelles il ne serait d’ailleurs plus rien ».
S’engageant dans une guerre fratricide, les dirigeants du parti échangent les accusations sur la place publique. L’ancien SG du parti a même déclaré que le fait d’appartenir à un tel parti n’est plus un honneur. Benkirane a même accusé El Othmani d’avoir commis l’une des fautes les plus graves que le PJD ait pu commettre durant tout son parcours. De son côté, le président du groupe parlementaire du parti à la première chambre, Idriss Azami Idrissi, fidèle à Benkirane, a déjà présenté sa démission de ses fonctions à la tête du groupe. Une démission toujours en cours d’examen par le parti.