Les députés togolais ont voté la réforme constitutionnelle qui limite le mandat présidentiel à deux. La durée est réduite à 5 ans par mandat, au lieu des 7 proposés par le régime.
Pour les députés, le nombre de mandats est limité à trois, une personne élue, pour 6 ans, pouvant être réélue deux fois, soit pour un total de 18 ans.
Ainsi, le Togo clôt un chapitre très mouvementé de sa vie politique. Les contestations qui ont secoué le pays, depuis près de 2 ans, n’ont pas permis aux partis d’opposition d’imposer leurs points de vue. Ils avaient finalement décidé de boycotter les législatives organisées le 20 décembre dernier et n’ont plus aucun député au parlement.
Le pouvoir était donc en terrain conquis au niveau de l’Hémicycle où il a fait passer « sa réforme ». Même s’il lui a fallu rallier les députés du parti de Gilchrist Olympio, entre autres.
Si la rue ne retrouve pas la ferveur des années 2017 et 2018, la victoire du régime sera actée, et l’opposition sera la grande perdante dans cette affaire. En vérité sa stratégie du « pourrissement », avec l’organisation de manifestations continuelles, n’a pas prospéré. Le régime togolais a fini par gagner à l’usure, par une répression dure et, en profitant des divisions des leaders de l’opposition.
Ces derniers ont encore une carte à jouer, l’année prochaine, à l’occasion de la présidentielle. Le président Faure, qui est au pouvoir depuis 2005, va aborder cette échéance, en position de force, car les opposants seront en ordre dispersé. Très probablement !
Une candidature unique serait la seule option qui pourrait secouer le régime. Le boycott des législatives a été une erreur et, à moins d’imposer l’épreuve de force dans la rue, l’opposition (représentée par la C14, les 14 partis les plus farouchement opposés au régime) va être absente de l’Hémicycle pendant longtemps.
Par ailleurs les différents médiateurs de la CEDEAO ont été gagnés par la lassitude et ont baissé les bras. Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo avait fait un travail remarquable pour enraciner le dialogue politique dans le pays, mais a finalement déclaré que la « médiation était terminée » avant le scrutin du 20 décembre béni par la CEDEAO.
Est-ce à dire que le Togo est sorti de la crise politique qui a causé, au moins 20 morts ? Rien n’est moins sûr ! La présidentielle de 2020 va désormais polariser l’attention et soulever les passions.