Les Occidentaux poussent à la roue pour humilier Zuma et l’écarter du pouvoir avant la fin normale de son deuxième et dernier mandat. Mais Ramaphosa, nouveau leader de l’ANC a-t-il intérêt à les suivre dans cette voie ?
À l’évidence non, car l’actuel président sud-africain constitue encore une force politique non négligeable dans son pays. Sa candidate, Mme Dlamini Zuma a certes perdu contre Ramaphosa mais de très peu. La vérité est que le parti est divisé et une éviction de Zuma déclencherait une guerre ouverte qui pourrait sonner le glas de l’ANC.
Homme politique rusé et homme d’affaires riche, Ramaphosa sait qu’il doit jouer de manière subtile pour rassembler et gagner les élections de l’année prochaine. Zuma pourrait décider de quitter avant l’heure mais il n’est pas prudent de le pousser à la sortie et encore moins de l’humilier.
Les guerres fratricides ont perdu beaucoup d’hommes politiques pressés. La patience est une vertu en politique même si celle-ci est aussi un affrontement sans merci. Mais justement la finalité est de gagner et non d’agir sans réfléchir et de transformer « une élection imperdable en bérézina ».
Attendre 2019 peut paraître long. Faire imploser l’ANC en forçant Zuma de quitter le pouvoir serait le prix politique à payer pour de longues années encore.
En effet depuis 1994 et l’avènement de la démocratie, le parti de Mandela gouverne le pays. Il subit naturellement l’usure du pouvoir et ce d’autant que les avantages exorbitants dont bénéficie la minorité blanche sont toujours aussi choquants. Une redistribution des terres est un impératif politique et moral. Reste à trouver des voies légales et/ou politiques pour le faire.
Ramaphosa s’y est engagé dans sa campagne pour conquérir le leadership de l’ANC. S’il ne rassemble pas la base du parti et s’il n’arrive pas à convaincre les autres forces politiques ; il ne pourra pas le faire. Sauf à utiliser la manière forte et à faire face aux ultras de la minorité blanche.
Pour les combats à venir le boss de l’ANC a besoin du soutien de Zuma et de sa base militante zulu. Il a aussi besoin d’une mobilisation réelle du parti dans toutes ses composantes. Il doit donc donner des gages aux uns et aux autres.
« Le traitement du cas Zuma » qui traine en longueur sera un signal. Sera-t-il le bon ? Celui qui rassure.