Des organisations de la société civile algérienne ont exprimé samedi leur inquiétude d’un raidissement de la police face aux manifestations. Quelques heurts ont été signalés vendredi en fin de cortège. Les Algériens se sont à nouveau mobilisés en nombre à travers le pays vendredi, refusant la transition prévue par le pouvoir intérimaire, et l’organisation d’une présidentielle le 4 juillet.
La journée de vendredi s’est déroulée sans incident dans la plupart des villes, mais à Alger, la manifestation qui avait commencé dans une ambiance plus tendue qu’à l’habitude, s’est achevée par des heurts entre quelques centaines de jeunes et des policiers. Ce n’est pas la première fois que la police tire des gaz lacrymogènes face à des irréductibles. Mais le face-à-face a débuté cette fois avant même la fin de la manifestation, écrit l’AFP.
La Direction générale de la Sureté nationale a fait état de 83 blessés parmi les policiers et a annoncé 108 arrestations.
Pour Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), « la mobilisation de vendredi était différente par l’ampleur de la répression ». « Le décor a été planté dès le début de la matinée: d’habitude, cela commence dans la joie à la Grand Poste, mais là il y a eu une volonté des autorités d’occuper les lieux », souligne-t-il.
Des policiers anti-émeutes ont été déployés, pour la première fois un vendredi, sur le parvis de ce bâtiment emblématique devenu point de ralliement des manifestants, tentant même en vain de faire évacuer les lieux en début de matinée. Selon les observateur, le tournant a eu lieu dès mardi, lorsque la police a tenté de disperser une manifestation d’étudiants par des tirs de grenades lacrymogènes et de canons à eau.
C’était la première fois que la police ne se contentait pas d’encadrer une manifestation, mais tentait de l’empêcher. Selon la LADDH, la police a arrêté samedi plusieurs militants qui s’apprêtaient à retourner manifester devant la Grand Poste. L’ONG a déploré un « harcèlement » de contestataires pacifiques.
Alors que les manifestations se sont multipliées en dehors du vendredi ces derniers temps, « les forces de l’ordre essaient de recadrer, et commencent à réduire l’espace public d’expression », estime le politologue Cherif Driss, cité par l’AFP.