Le président Cyril Ramaphosa veut accélérer la redistribution des terres aux fermiers noirs.

Le ministre de l’intérieur de l’Australie, Peter Dutton propose que des « visas humanitaires » soient accordés aux fermiers blancs sud-africains victimes de persécutions ».

Pour lui, la loi annoncée par Ramaphosa pour permettre de « saisir des terres appartenant à des Blancs pour les redistribuer aux Noirs sans compensation » serait une chasse aux sorcières.

Quid des crimes des croisés du racisme et de la haine qui ont massacré et dépossédé les Noirs de leurs terres pendant des siècles de colonisation et des dizaines d’années d’Apartheid. Ce ministre australien défend aussi, par là-même, les criminels de chez lui qui ont décimé les Aborigènes et accaparé leurs terres ancestrales.

Partout la colonisation a été une entreprise de razzia et d’aliénation culturelle.
Aussi la décolonisation doit rimer avec réparation (par rapport aux torts subis) et respect de la démocratie qui commence par la mise en pratique des règles élémentaires qu’impose la justice sociale. La redistribution des terres n’est pas négociable. Elle est une exigence morale et économique.

Le Zimbabwe de Mugabe a été forcé de sauter le pas de la confiscation des terres des fermiers blancs à la suite du non respect des accords de Lancaster House par les Anglais qui devaient financer l’opération de rachat.

En Afrique du Sud, depuis la fin de l’Apartheid en 1991 et l’organisation des premières élections libres et démocratiques en 1994, la redistribution des terres reste bloquée.
Les Blancs jouent la montre et le pouvoir noir hésite à passer aux actes de peur de recevoir un coup de boomerang des milieux économiques encore très largement aux mains de la minorité blanche.

JUSTICE SOCIALE

Avec le soutien des médias occidentaux prompts à diaboliser les dirigeants noirs qui agissent pour la majorité démocratique qui est aussi…noire.

Ramaphosa est au pied du mur : ou satisfaire les Blancs insatiables qui n’accepteront jamais de partager équitablement les richesses du pays, ou braver leur courroux et rendre justice à la majorité en redistribuant les terres volées à leurs ancêtres.

Il ne peut plus attendre et gagner du temps. Les élections législatives approchent à grand pas et sa situation personnelle-liée à celle de l’ANC-est précaire. En effet les coups portés à Zuma poussé à la démission et aujourd’hui en proie à une vendetta judiciaire (on sort une affaire de corruption vieille de près de 30 ans) vont radicaliser ce dernier contre Ramaphosa qui pourrait y perdre des plumes.

Les divisions de l’ANC sont tellement profondes qu’elles pourraient mettre en danger son leadership national. Le parti de Mandela pourrait perdre les élections si il n’agit pas avec courage pour redistribuer les terres et renouer avec sa dynamique historique libératrice.
La réconciliation nationale n’exclut pas la justice sociale. Au contraire !

Comment justifier des décennies de lutte sanglante contre un régime terroriste comme celui de l’Apartheid en acceptant que la domination économique des Blancs demeure dans une Afrique du Sud post-coloniale ?

Les fermiers blancs riches et dominateurs sont et doivent être une espèce en voie de disparition dans un pays démocratique où la majorité est noire. Question de logique démocratique. De justice sociale et d’éthique républicaine. Le ministre australien de l’intérieur est un raciste qui s’ignore. Ses propos sont inqualifiables car ce sont bien ces fermiers blancs qui ont persécuté, dépossédé et exploité les Noirs.

Aujourd’hui le vent a tourné. Le temps démocratique, c’est maintenant !