Le vice-président Saulos Chilima a déclaré la guerre au président Peter Mutharika.

À quatre mois des élections présidentielles au Malawi, le vice-président Saulos Chilima a déclaré la guerre au président Peter Mutharika. Le premier accuse ouvertement le second de « corruption et de népotisme ». Saulos Chilima s’apprête aussi à le défier dans les urnes.

« On assiste à un grave pillage des ressources publiques, qui sont pourtant destinées à améliorer la qualité de vie », a déclaré le vice-président Saulos Chilima lors d’un entretien accordé cette semaine à l’AFP. « Les personnes au pouvoir savaient parfaitement quoi faire mais elles ont fait l’exact opposé », a-t-il ajouté. Selon lui, la corruption est pire qu’avant.

La rupture entre les deux dirigeants fut spectaculaire. Élu en 2014, sur le ticket de Peter Mutharika, Saulos Chilima a claqué l’an dernier la porte du Parti populaire démocratique (DPP) et lancé son Mouvement uni de transformation (UTM). Jusqu’au scrutin du 21 mai, les deux hommes sont toutefois contraints à la cohabitation, car la Constitution malawite interdit au chef de l’État de limoger son vice-président.

En 2019, Saulos Chilima veut priver Peter Muthurika d’un second mandat, en se présentant comme candidat aux élections présidentielles. Pour y parvenir, l’ex-homme d’affaires surfe sur la vague de mécontentement populaire qui monte depuis des mois contre le président sortant et son gouvernement.

En avril dernier, des milliers de personnes ont envahi les rues de plusieurs villes du Malawi pour dénoncer la corruption, devenue insupportable dans un pays dont, selon la Banque mondiale, la moitié des 18 millions d’habitants vit sous le seuil de pauvreté.

Selon l’AFP, la popularité de Peter Mutharika est sérieusement écornée par la corruption, les pénuries de nourriture et les coupures d’électricité. Mais les chances de son vice-président de le faire chuter restent incertaines.

Saulos Chilima n’exclut pas une alliance avec Joyce Banda, l’ancienne présidente du pays (2012-2014). Mise en cause dans un énorme scandale de corruption, Joyce Banda est rentrée au pays l’an dernier après quatre ans d’exil et a été investie candidate de son parti à la présidentielle.