Quatre des cinq candidats de l’opposition en Mauritanie ont averti des risques de « hold-up électoral » lors de l’élection présidentielle du 22 juin prochain. Cette mise en garde intervient après l’attribution du marché de l’impression des bulletins de vote à une société mauritanienne appartenant à un proche du pouvoir.
Les élections présidentielles du 22 juin prochain devrait marquer la première passation de pouvoir entre un président sortant et son successeur élu en Mauritanie, qui a connu de nombreux coups d’État de 1978 à 2008.
« Nous sentons les prémices de ce hold-up électoral », a déclaré l’opposant historique Mohamed Ould Moloud. « La confiscation du processus électoral par le régime est inadmissible et ne passera pas », a ajouté Ould Moloud, qui s’exprimait vendredi soir aux côtés de l’ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar, du militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid et du journaliste Baba Hamidou Kane, rapporte l’AFP.
Ces quatre hommes, ainsi que l’expert financier Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi, doivent affronter le 22 juin le candidat du parti au pouvoir, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, compagnon de toujours du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ils ont appelé à la mobilisation, alors que la présidentielle de 2014 avait été boycottée par les principaux partis d’opposition. Parmi leurs doléances, « le plus grave reste l’attribution du marché de l’impression des bulletins de vote à une imprimerie naissante, sans expérience, appartenant au président du patronat (Zeine El-Abidine Ould Cheikh Ahmed), qui collecte actuellement des fonds pour la campagne du candidat du pouvoir », a dénoncé Baba Hamidou Kane, en exigeant « l’annulation de ce marché ».
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Mohamed Vall Ould Bellal, avait défendu le 28 mai la « légalité totale » du marché. « Six sociétés, dont cinq étrangères, y ont pris part, quatre ont été sélectionnées, dont la société mauritanienne qui l’a remporté parce que moins disante (financièrement) et présentant la qualité de papier et d’impression requise », a-t-il soutenu. Il a rejeté des « soupçons infondés », alors que l’opposition juge son institution trop proche du pouvoir.
Considéré comme l’adversaire le plus sérieux du candidat du régime, Sidi Mohamed Ould Boubacar, soutenu par une coalition comprenant le parti islamiste Tewassoul, principale force d’opposition, vient par ailleurs de recevoir l’appui de l’opposant et homme d’affaires franco-mauritanien Mohamed Ould Bouamatou.
« Mon intention était de me présenter à ces élections. Je m’y étais résolument préparé, conformément à mon engagement de lutter inlassablement contre la dictature. Je constate malheureusement que le régime a usé de tous les moyens pour m’en empêcher », a affirmé Ould Bouamatou dans un communiqué.