Les quatre opposants en lice pour la présidentielle mauritanienne rejettent les résultats accordant la victoire au premier tour de l’ancien général Mohamed Cheikh El-Ghazouani. Mais ils ont reporté une manifestation prévue lundi et appelé au calme.
Quatre candidats d’opposition ont jugé dans une déclaration commune « inévitable » la tenue d’un second tour, le 6 juillet, entre l’un de ses candidats et celui du pouvoir. Ils ont annoncé leur intention d’utiliser tous les recours légaux. Ils exigent de la Commission nationale électorale indépendante (CENI) la publication des résultats « bureau par bureau » afin de pouvoir les comparer aux « informations solides » dont ils affirment disposer pour étayer leur position.
Mais ils ont reporté sine die lundi une première manifestation prévue au siège de la CENI. « Nous avons décidé de reporter la marche que nous devions organiser aujourd’hui, peut-être à jeudi », a déclaré Baba Hamidou Kane, cité par l’AFP.
Le scrutin, qui s’est déroulé samedi, doit marquer la première transition entre deux présidents élus dans ce vaste pays du Sahel secoué par de nombreux coups d’État de 1978 à 2008, date du putsch qui a porté Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir, avant son élection en 2009. Il ne pouvait se représenter après deux mandats.
La CENI a confirmé dimanche soir la victoire revendiquée au petit matin par El Ghazouani, qui remporte 52,01% des suffrages et arrive en tête dans toutes les provinces du pays, à l’exception de Nouadhibou (nord-ouest).
Suivent le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (18,58%), l’ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%) et le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71%). Ces résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel après examen d’éventuelles contestations, alors que les
L’opposition attend la remise en liberté de dizaines de personnes arrêtées à la suite d’incidents dimanche entre manifestants et policiers dans la capitale et à Nouadhibou. Ould Abeid a exhorté ses partisans à s’abstenir de toute violence, accusant le pouvoir de « provocations », destinées selon lui à faire basculer une contestation électorale vers une confrontation entre communautés.
La société mauritanienne est marquée par des disparités persistantes entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d’esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d’ethnies subsahariennes.
Peu après, le ministère de l’Intérieur a appelé « à la retenue et au sens des responsabilités », mettant en garde contre « tout rassemblement non autorisé », passible de sanctions pénales.
Les Mauritaniens ont voté samedi en nombre – 62,66% de participation – pour désigner leur président, qui devra préserver une stabilité chèrement conquise, mais aussi assurer le développement économique et faire progresser le respect des droits humains.