Les Tunisiens devront choisir le 15 septembre, entre les vingt six candidats aux Présidentielles.

Sept millions de Tunisiens sont appelés à voter dimanche pour la deuxième élection présidentielle libre de leur histoire, à l’issue d’une campagne qui laisse le suspense entier.

Pour ce 1er tour, de premières estimations devraient être publiées dimanche soir par des organisations de la société civile et des instituts de sondage. L’instance d’organisation des élections (ISIE) doit publier des résultats préliminaires le 17 septembre. La date du second tour n’est pas encore connue.

Le calendrier initial prévoyait la présidentielle en décembre, mais la mort du président Beji Caïd Essebsi en juillet a bouleversé les échéances et les législatives, prévues le 6 octobre, sont passées à l’arrière-plan.

Si la ligne de partage était claire lors de la présidentielle de 2014, entre islamistes et anti-islamistes, ce n’est plus le cas dans le paysage politique de 2019, qui s’éparpille en plusieurs pôles : islamistes, laïques, populistes et partisans de l’ancien régime.

L’un des candidats en vue, le publicitaire controversé Nabil Karoui, poursuivi depuis 2017 pour « blanchiment d’argent », a été placé en détention provisoire trois semaines avant les élections. La situation pourrait devenir ubuesque si Nabil Karoui passait le premier tour.

Le sulfureux homme d’affaires s’est construit une forte popularité en organisant ces dernières années des distributions d’aide médiatiques dans les régions défavorisées, et la chaîne privée Nessma qu’il a fondée fait sa campagne au rouleau-compresseur.

Le Premier ministre Youssef Chahed, qui a démenti toute instrumentalisation de la justice dans cette affaire, fait également figure de poids lourd dans l’élection, même si son niveau de popularité interroge.

Le ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi, l’universitaire indépendant conservateur Kais Saied, ou encore un opposant à la dictature de Zine El-Abidine Ben Ali et ex-ministre, Mohamed Abbou, sont également cités.

Dans la famille islamiste, le populaire avocat septuagénaire Abdelfattah Mourou porte les couleurs du parti Ennahdha, qui a toujours été au pouvoir -seul ou au travers d’alliances- depuis la révolution.

Deux femmes, dont une avocate farouchement anti-islamiste, Abir Moussi, sont aussi sur la ligne de départ.

La campagne s’achève vendredi, sans qu’aucun candidat ne soit véritablement sorti du lot, en dépit de multiples débats à la radio et de soirées politiques télévisées très commentées, signe d’un regain d’intérêt après le désabusement des scrutins récents.