La justice a rejeté une nouvelle demande de libération du candidat, Nabil Karoui.

L’homme d’affaire Nabil Karoui, qui affrontera Kaïs Saied au second tour de la présidentielle, suit la campagne électorale depuis sa cellule. Ce mercredi 18 septembre, une nouvelle demande de libération a été rejetée.

Poursuivi pour blanchiment d’argent et évasion fiscale, Nabil Karoui va donc passer une nouvelle nuit en prison, la 28ème depuis son arrestation le 23 août dernier. Une situation inédite qui empêche le candidat de faire campagne.

Le juge en charge de l’affaire a refusé de statuer sur sa demande de libération. Le juge d’instruction s’est déclaré incompétent pour décider d’une éventuelle libération. C’est la troisième juridiction à se déclarer ainsi incompétente. La chambre d’accusation de la Cour d’Appel avait déjà refusé de statuer sur son cas le 3 septembre, tout comme la Cour de cassation dix jours plus tard, rappelle RFI.

Aujourd’hui, seul un juge peut se prononcer sur une libération, ce n’est donc certainement pas l’Instance chargée de l’organisation des élections de le faire. La décision aura nécessairement un impact politique. Ce qui suscite des interrogations : les magistrats ont-ils peur des conséquences de leur décision, sont-ils dans le bon droit en ne se prononçant pas sur un dossier pénal vu à la lumière d’un contexte électoral ?

Dans une interview à l’hebdomadaire français Le Point, le magnat des médias juge son incarcération illégale. Il accuse le Premier ministre Youssef Chahed et ses alliés islamistes de l’avoir fait arrêter.

Malgré ce nouveau revers, ses proches n’entendent pas renoncer. Maitre Kamel Ben Messaoud, l’un de ses avocats, a annoncé à l’AFP qu’il allait faire appel de la décision rendue mercredi soir.

Pour rappel, Kais Saied était arrivé en tête avec 18,4% des voix au premier tour des élections présidentielles, suivi de Nabil Karoui (15,58%). Des résultats considérés comme un électrochoc de la classe politique en Tunisie.

Les électeurs ont sanctionné les représentants du pouvoir des années post-révolutionnaire : la formation d’inspiration islamiste Ennahdha, principale force au Parlement et qui avait présenté pour la première fois un candidat, a vu Abdelfattah Mourou arriver troisième avec 12,88% des voix. Un résultat qui confirme l’érosion de son électorat depuis 2011. Quant au Premier ministre sortant Youssef Chahed, il termine à une très modeste 5ème place (7,4%).