À moins d’un mois de la présidentielle en Tunisie, l’un des principaux candidats, l’homme d’affaires Nabil Karoui, a été arrêté vendredi. Il a été inculpé pour blanchiment d’argent, ce qui pourrait fortement compromettre ses chances.
Nabil Karoui, président du parti Qalb Tounes (Au cœur de la Tunisie), était jusqu’alors présenté, pour la présidentielle anticipée du 15 septembre, comme un adversaire de taille pour le Premier ministre Youssef Chahed, candidat du parti Tahya Tounes, autre grand favori.
« Une quinzaine de voitures de police ont bloqué la route et se sont précipitées vers la voiture de Nabil Karoui avant que des policiers civils armés lui demandent de venir avec eux en disant qu’ils avaient des instructions pour l’arrêter », selon Oussama Khlifi, un responsable de son parti, cité par l’AFP. Nabil Karoui était de retour de Béja (nord-ouest) où il avait ouvert un nouveau local de son parti.
Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a confirmé l’arrestation. « En exécution d’un mandat de dépôt émis par l’une des Cours d’appel de Tunis à l’encontre de Nabil Karoui, une équipe de l’administration de la sûreté nationale l’a arrêté », a-t-il indiqué. Nabil Karoui a été conduit à la prison de Mornaguia, près de Tunis, selon le ministère tunisien de l’Intérieur.
Un mandat de dépôt a été émis à l’encontre de Nabil Karoui et de son frère Ghazi pour « blanchiment d’argent », a indiqué de son côté la radio privée Mosaïque FM citant une source judiciaire.
Nabil et Ghazi Karoui sont visés par une instruction judiciaire du pôle financier depuis 2017, après le dépôt par l’ONG anti-corruption I-Watch d’un dossier l’accusant de fraude fiscale. Le 8 juillet, ils avaient été inculpés pour “blanchiment d’argent”. Un juge d’instruction avait également décidé “le gel de leurs biens et de leur fonds financiers et l’interdiction de voyager“, selon le porte-parole du pôle judiciaire financier Sofiène Sliti.
Par ailleurs vendredi, les instances chargées du contrôle de l’audiovisuel (Haica) et des élections en Tunisie (ISIE) ont décidé d’interdire à trois médias émettant illégalement, dont Nessma TV, de couvrir la campagne électorale.
À noter que Nabil Karoui et présenté par les médias comme favori de plusieurs sondages dans les intentions de vote. Il s’est dit récemment ciblé par « des tentatives pour remettre en cause sa popularité croissante ».
Prévue en fin d’année, l’élection présidentielle a été avancée à la suite du décès de l’ex-président Essebsi, qui, en 2014, a été le premier président démocratiquement élu au suffrage universel de l’histoire moderne de la Tunisie.