Abstention record à l’élection présidentielle contestée en Algérie.

Plus de six Algériens sur dix ont boudé les urnes jeudi, une abstention record, lors de la présidentielle. Ce scrutin est fermement rejeté par le mouvement populaire de contestation ayant emporté en avril le président Abdelaziz Bouteflika, dont ils étaient appelés à élire le successeur.

Seuls 39,93% des inscrits ont voté jeudi, selon les chiffres annoncés en fin de soirée à la télévision nationale par Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).

Selon Charfi, le taux de participation au niveau national s’établit à 41,41% et celui des Algériens de l’étranger à 8,69%, a-t-il ensuite expliqué. Ce taux est le plus faible de toutes les présidentielles pluralistes de l’histoire de l’Algérie. Il est inférieur de plus de 10 points à celui du précédent scrutin -le plus faible jusqu’ici-, qui en 2014 avait vu la 4ème victoire de Bouteflika.

Le « Hirak », le mouvement de contestation populaire massif et inédit du régime qui a contraint Bouteflika à la démission, rejetait catégoriquement la tenue de cette élection, vue comme un moyen de se régénérer pour le « système » au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.

Après une première tentative d’élection avortée en juillet, le haut commandement de l’armée, pilier du régime, ouvertement aux commandes depuis le départ de Bouteflika, a tenu coûte que coûte à organiser ce scrutin pour sortir rapidement de l’actuelle crise politico-institutionnelle, qui a aggravé la situation économique.

Visage de ce haut commandement, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, assurait depuis des semaines que la participation serait « massive ».

Aucune projection de résultat n’a été publiée, mais le camp d’Abdelmajid Tebboune, ancien bref Premier ministre de M. Bouteflika en 2017, a revendiqué dans la soirée la victoire au 1er tour.

Morne dans de nombreux bureaux de vote, la journée a été marquée à Alger par une démonstration de force du “Hirak” qui a bravé un très fort déploiement policier pour défiler en masse.

Une foule estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes est parvenue à envahir les rues du centre de la capitale, malgré les interventions systématiques et souvent brutales de la police à chaque tentative de rassemblement.