Le scrutin du second tour de la présidentielle tunisienne, s’est déroulé hier dimanche 13 octobre 2019, dans une ambiance carnavalesque, avec un taux de participation qui dépasse légèrement 58%. Au finish, c’est le professeur Saied Kaïs qui arrive largement en tête avec près de 75%, des voix, reléguant derrière lui, le magnat de l’audiovisuel Nabil Karaoui, qui ne dépasserait pas les 25% des voix.
Il est certain que la libération surprise de Nabil Karaoui mercredi 9 octobre dernier, et le débat télévisuel entre les deux finalistes le vendredi 11 octobre 2019 ont donné plus d’élan aux Tunisiens pour aller voter massivement ce dimanche.
En votant dès le 1er tour pour les deux candidats anti-systèmes, le peuple tunisien a voulu envoyer un message fort à la classe politique traditionnelle qui a toujours fait des combines et de la ruse politique, une méthode de gouvernance qui a finalement lassé les populations.
Le discours méthodique, limpide et tonique de Kaïs Saied a convaincu la majorité des Tunisiens devant un Nabil Karaoui, hésitant et se montrant nettement en-deçà du niveau de maîtrise des grands dossiers de l’État : La sécurité et la défense nationales, l’Indépendance de le justice, la politique étrangère et la lutte contre la corruption, etc. Certains politologues avancent que Nabil Karaoui n’aurait pas dû accepter le duel audiovisuel avec un professeur du droit constitutionnel qui a longtemps réfléchi et travaillé sur les faiblesses et insuffisances des institutions tunisiennes.
Kaïs Saied au Palais de Carthage et après ?
En attendant la publication officielle des résultats du second tour de la présidentielle, ce lundi 14 octobre à 12 heures, les analystes se penchent déjà sur ce qui attend le nouveau maître du Palais de Carthage.
D’abord, il est quasi certain que le candidat perdant du second tour Nabil Karaoui va déposer ce jour même un recours pour manque d’équité et d’égalité des chances entre les deux finalistes. Mais, compte tenu du grand score de l’élu il est difficile de croire que le tribunal puisse trancher en faveur de Nabil.
L’autre grand dossier est la formation d’un nouveau gouvernement d’autant que le parti Ennahda, chargé de former ce gouvernement n’a pas la majorité requise et devra trouver des alliés pour remplir cette mission extrêmement difficile. Il se pourrait que Saïd Kaïs use de son influence pour prêter main-forte à ses alliés d’Ennahda. Quoiqu’il en soit la tâche ne sera pas de tout repos.
L’autre grand défi pour le nouveau président, c’est que pour la première fois, un président tunisien ne disposant d’aucun parti politique à l’assemblée, va tenter de gouverner le pays.
Des analystes politiques prédisent que le plébiscite populaire dont il a bénéficié pourrait combler l’absence d’un appareil politique, surtout que la liesse populaire qui a suivi hier la proclamation de la victoire éclatante de Kaïs Saïd, notamment au niveau de la jeunesse tunisienne, prouve, si besoin en était que le Professeur Kaïs aura le peuple comme soutien en lieu et place des partis politiques, relégués à l’arrière-plan.
Il y a également le lancinant défi des attentes populaires qui se résument en un mieux vivre pour l’ensemble des Tunisiens.