Réélu avec plus de 71% des voix contre un peu plus de 14% à Maurice Kamto, Paul Biya, âgé de 85 ans va entamer un nouveau mandat présidentiel.
Au pouvoir depuis 1982, il n’est certes pas le détenteur du record de longévité à ce poste en Afrique (Obiang Nguéma est au pouvoir depuis 1979) ; mais il est beaucoup plus âgé que son homologue équato-guinéen.
Certes ses opposants contestent les résultats et vont déposer des recours, vraisemblablement en pure perte. Comme à chaque fois depuis 1984. Paul Biya tient fermement les rênes du pouvoir et l’exerce de manière autoritaire.
Le curieux est que ses longues absences du pays ne le fragilisent pas du tout.
On peut même affirmer qu’il a inventé la gestion a minima du pouvoir d’État dans un pays où même les conseils des ministres qu’il préside sont rares. Biya n’a pas le temps pour cela et pourquoi l’aurait-il, vu que son autorité n’est jamais remise en cause.
Sauf par à-coups par des ministres ou homme liges qui ont cherché à le défier et qui l’ont payé chèrement, en croupissant dans les prisons. Alors, si le vieux lion continue de faire peur, la seule fin envisageable de son pouvoir, dans le contexte actuel, coïnciderait avec la sienne propre. Ou si une défaillance physique majeure survenait et l’empêcherait d’agir. Mais il y a l’exemple de Bouteflika en Algérie qui montre qu’on peut imposer sa volonté sur une chaise roulante.
Paul Biya est un cas à lui tout seul, même si il faut l’intégrer dans la longue liste des autocrates d’Afrique centrale où la démocratie est encore l’exception. L’alternance y est une chimère dans presque tous les pays. La Centrafrique est l’exception et la RD Congo, un cas particulier, depuis la fin du régime Mobutu.
Pourtant le Cameroun bouge, notamment dans sa partie anglophone où la répression est féroce. Cette situation qui doit être dénoncée n’est pas au centre des préoccupations de la communauté internationale. C’est le moins qu’on puisse dire !
Le pays est potentiellement riche et attise les convoitises et de l’ancienne puissance coloniale et de la Chine qui a déroulé récemment le tapis rouge à Biya et a investi des milliards de francs CFA dans le pays. Biya, en vieux rusé, joue de ces rivalités pour consolider son emprise et s’éterniser au pouvoir. Jusqu’ici ça marche.