Arrivé deuxième lors du premier tour, avec un peu plus de 27% des voix Umar Sissoco Embalo est entrain de réaliser un véritable tour de force politique. En effet il a réussi à signer des accords avec les candidats arrivés troisième, Nabian (13%), quatrième Vaz (12%) et cinquième Cadogo (1%).
Mathématiquement, si les reports de voix se font à cent pour cent, il battrait DSP qui a obtenu un peu plus de 40%, au premier tour. Il y a comme une coalition : « tout sauf DSP » qui se met en place pour barrer la route du pouvoir au candidat officiel du PAIGC.
Que Vaz s’allie à Embalo, pour sa propre sécurité, du fait du lourd contentieux qui l’oppose à DSP, cela est compréhensible. Mais les décisions de Nabian, et surtout de Cadogo de tourner le dos à DSP, sont « mystérieuses ». Quoiqu’il en soit, le deuxième tour devient une bataille à l’issue incertaine.
DSP semblait faire un cavalier seul, mais c’était sans compter sur l’entregent de Embalo qui aurait beaucoup d’argent à sa disposition. Il est même accusé d’être financé par le Qatar, ce dont il s’est défendu, en affirmant que ce n’était pas le cas « mais il aurait bien aimé qu’il en fût ainsi ».
L’homme a de la ressource et des capacités de négociations qui semblent faire mouche. Il faut aussi s’inquiéter du rejet dont DSP fait l’objet au sein de la classe politique. Sa seule chance est que les populations fidèles majoritairement au PAIGC se mobilisent au deuxième tour.
La Guinée-Bissau se dirige donc vers un deuxième tour qui prend les allures d’un thriller politique. Tous les coups sont permis et les rebondissements sont imprévisibles. Personne ne sait, maintenant, qui va gagner. Embalo a une dynamique conquérante, mais DSP a l’appareil du PAIGC.