Plus que 24 heures pour le premier tour de l’élection présidentielle malienne.

Les maliens se rendent aux urnes demain pour élire ou réélire leur président de la république dans un contexte surréaliste.

En effet, la violence terroriste gangrène plusieurs régions du pays où la tenue du scrutin est une gageure. Il s’y ajoute que la quasi totalité des candidats de l’opposition (il y a au total 24 prétendants y compris le président sortant Ibrahim Boubacar Keita) dénonce le manque de fiabilité du fichier électoral.

Et, après avoir fait la sourde oreille et refuser de recevoir les candidats de l’opposition pour discuter de ce problème majeur, le premier ministre Soumeyla Boubèye Maiga a finalement décidé de les recevoir ce jour, à la veille de l’élection.

À l’évidence, il est trop tard pour résoudre cette question qui est source potentielle de contestation des résultats. En vérité ce sont les conditions globales de ces joutes électorales qui posent problème : était-il raisonnable d’organiser la présidentielle en ce moment ?

Mais, sans légitimité populaire, est-il possible de gouverner le pays ? IBK a choisi de respecter les échéances légales, peut-être aussi parce que cette situation trouble est sa seule chance de gagner ? Parce que son bilan est peu reluisant : l’insécurité s’est installée presque partout, la corruption, aussi.

D’ailleurs les citoyens maliens ne se sont pas mobilisés pour cette présidentielle, sauf à l’occasion de meetings où de gros moyens ont été déployés pour remplir les stades.

À ce jeu, deux candidats semblent se détacher à savoir IBK et Soumaila Cissé, celui qui avait disputé le second tour en 2013. Un remake de ce duel est possible avec le jeu de préférences ethniques. Cissé a pour principal handicap, jusqu’ici de ne pas appartenir à la majorité ethnique Bambara. Il a essayé de séduire cet électorat décisif en allant à sa rencontre et en lui parlant dans sa langue. Cela sera-t-il suffisant ?

Toutefois si l’équation ethnique semble favoriser IBK ; rien n’est garanti. Les maliens sont des gens très fiers et capables de transcender de telles contingences.

La question est de savoir quel sera le taux de participation qui sera déterminant et quelles seront les alliances probables en cas de deuxième tour ?

En toute logique, il devrait y avoir un second tour comme en 2013. La sincérité des opérations électorales pourrait être garantie par les observateurs internationaux représentés massivement à Bamako (ONU,OIF,UA,etc…). Sauf si le manque de fiabilité du fichier électoral ne fausse le jeu, en amont.

Le scrutin de demain est gros de tous les périls.