En déplacement dans la localité du Hambol, le président Alassane Ouattara a mis en garde ses « vieux rivaux » : sa volonté est de passer la main à la nouvelle génération en 2020, mais il se présenterait à la présidentielle si ceux-ci déclarent leur candidature.
Cette nouvelle prise de position a le mérite de la clarté et, elle rebat aussi les cartes politiques dans la pays. En effet, si on fait « l’analyse concrète de la situation concrète », comme nous y invitent les marxistes, on ne voit pas quel retournement de situation spectaculaire pourrait empêcher Henri Konan Bédié, 85 ans, de se présenter à la présidentielle.
Le « Sphinx de Daoukro » a posé des actes politiques qui ne souffrent d’aucune ambiguïté quant à sa détermination absolue de briguer les suffrages de ses concitoyens en 2020, pour « une revanche sur l’histoire », -c’est lui qui l’avoue- ! Cette obsession liée, sans doute au « naufrage du grand âge » ne devrait pas s’estomper d’ici un an, à l’heure de la présidentielle 2020.
On peut donc affirmer que Bédié sera partant, si son état de santé le lui permet et si aucune entrave constitutionnelle ne l’en empêche. Pour Gbagbo, la situation est plus complexe car il est toujours immobilisé à Bruxelles ,en attendant que la CPI ,qui l’a acquitté, ne se prononce sur les requêtes de la procureure Fatou Bensouda.
Si par extraordinaire, il était totalement libéré, il devrait, encore faire face à la justice ivoirienne qui l’a déjà condamné. Dans l’état actuel des choses, une candidature Gbagbo est improbable. Mais, suite à sa rencontre avec Bédié à Bruxelles -événement très médiatisé, un axe « tout sauf Ouattara » est entrain de se dessiner et devrait susciter l’inquiétude, non seulement des citoyens ivoiriens, mais aussi de tous les amis de la Côte d’Ivoire.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la xénophobie estampillée « ivoirité » (une idéologie de l’exclusion et de la violence promue par Bédié) pourrait encore semer haine et morts dans le pays. Et les récentes déclarations de Bédié continuent de mettre de l’huile sur le feu.
Il joue son va-tout et poursuit un rêve chimérique, lui qui a raté sa présidence et a plongé son pays dans le chaos, bien avant l’avènement de Gbagbo. C’est dans ce contexte volcanique qu’il faut situer les propos de Ouattara.
En réalité, l’homme n’a pas le choix et, il va donc très probablement, briguer un troisième mandat. Si rien ne change d’ici la fin du premier trimestre de 2020 environ.
Pour le moment, il fait ses tournées à l’intérieur du pays qui ont des allures de campagne électorale. Il use du privilège de président de la république qui est dans son droit de « faire des tournées économiques ».
Économie et politique ont des relations dialectiques, enseigne le marxisme. Et, il ne faut pas oublier que feu le président Houphouet Boigny qui a mené une politique libérale couronnée de succès, a été apparenté communiste au palais Bourbon, du temps où il était député français.
Ouattara, qui est l’un de ses héritiers, est un économiste libéral formé à bonne école qui pourrait aussi s’inspirer de l’itinéraire de son mentor. Il parle économie et politique dans ses meetings et/ou tournées, en bon dialecticien.