Le dépôt des candidatures à la présidentielle sénégalaise est clos depuis hier minuit. Vingt-sept dossiers ont été recensés au Conseil constitutionnel qui va les vérifier pour décider de les valider ou non.
La haute juridiction qui statue en dernière instance, en la matière, doit s’acquitter de sa tâche, d’ici le 21 janvier 2019.
Une première observation s’impose : des dizaines et des dizaines de candidats à la candidature qui avaient retirer le dossier au ministère de l’intérieur, ont jeté l’éponge, en cours de route.
À l’évidence ils n’ont pas pu franchir l’épreuve redoutable -qui teste leur crédibilité- de la collecte des parrainages. Il faut s’attendre aussi que nombre de ceux qui ont déposé soient aussi écartés par la même épreuve car les parrainages soumis au Conseil constitutionnel seront vérifiés de manière très rigoureuse. Seuls seront acceptés les parrainages valides, faits avec les cartes d’identité biométriques CEDEAO.
Les parrains ont l’obligation de parrainer une seule et unique fois. Ils doivent aussi signer en bonne et due forme. Faut-il rappeler qu’en 2012, la candidature de Youssou Ndour avait été rejetée « faute de parrainages suffisants ».
Cette fois-ci, il s’agit de parrainages citoyens, ouverts à tous les électeurs inscrits et jouissant de tous leurs droits civils et politiques. C’est beaucoup plus démocratique et donc plus ouvert. Mais le respect des critères est un impératif catégorique.
Déposer un dossier de candidature n’est donc qu’une première étape. Seront candidats officiels à l’élection présidentielle du 24 février 2019 ceux dont les dossiers seront jugés conformes à tous les critères juridiques exigés.
C’est ainsi qu’on peut d’ores et déjà affirmer que la candidature de Karim Wade sera rejetée car l’homme a été condamné à plus de 5 ans de prison ferme et a purgé plus de 3 ans de sa peine avant d’être gracié. Le code électoral rejette une telle candidature.
Seule une amnistie qui ressort de la souveraineté de l’Assemblée nationale pourrait effacer cette condamnation qui écarte Karim Wade des joutes électorales.
Cela, ses soutiens le savent très bien y compris Madické Niang, ex-président du groupe parlementaire du PDS (le parti de Karim Wade et de son père) qui en a tiré la conclusion logique en se portant candidat à l’élection présidentielle. Il a déclaré que Karim Wade ne pouvait pas être candidat. Madické Niang est avocat de profession.
Ainsi le dépôt du dossier de candidature de Karim Wade est un acte politique vain qui a pour objectif de gagner du temps pour écarter toute autre candidature officielle au sein du PDS. Alors Wade et son fils vont pousser au boycott, pour qu’aucune autre figure n’émerge et que les Wade restent seuls maitres à bord du parti qui est un patrimoine familial.
En ce qui concerne le dossier de candidature de Khalifa Sall, condamné en première instance à 5 ans de prison ferme, confirmés en appel, il reste le délibéré de la Cour de cassation qui sera rendu public le 3 janvier 2019. Tout laisse croire que la condamnation définitive de Khalifa Sall sera actée et sa candidature invalidée.
En effet les accusations contre l’ex-maire de Dakar sont écrasantes : détournement de deniers publics, faux et usage faux en écritures publiques, entre autres. Khalifa Sall a reconnu avoir signé les fausses factures et avoir encaissé l’argent soustrait frauduleusement à la caisse d’avance de la mairie de Dakar.
Sa défense qui a tenté d’assimiler les fonds de la caisse d’avance à des « fonds politiques » a été battue en brèche au tribunal. En toute logique la Cour de cassation va dire le droit et rendre définitive la condamnation de l’édile.
Ce dernier a volé et a été pris la main dans le sac. Il ne remplit pas les conditions pour briguer les suffrages des sénégalais pour le poste de président de la république.