Aux Comores, la tension est palpable au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle.

Les forces de l’ordre comoriennes ont violemment dispersé lundi une manifestation de l’opposition. Cette dernière accuse le chef de l’État sortant Azali Assoumani d’avoir orchestré une fraude généralisée pour se faire réélire dès le premier tour de la présidentielle.

Plusieurs candidats au scrutin de dimanche accompagnés d’une centaine de leurs partisans ont tenté de marcher sur la place de l’Indépendance, au cœur de la capitale Moroni, pour dénoncer le « hold-up » électoral en cours.

Des dizaines de gendarmes ont accueilli les protestataires par une volée de tirs de gaz lacrymogène et de balle en caoutchouc qui les ont rapidement dispersés. Selon une source hospitalière, l’intervention s’est soldée par 12 blessés légers, dont trois candidats à l’élection.

Le calme est revenu dans l’après-midi dans la capitale. Des militaires en armes ont été déployés sur les grands axes de la capitale, à titre de « prévention », a déclaré à l’AFP le ministre de l’Intérieur Mohamed Daoudou.

Dans l’attente des premiers résultats, le dépouillement a suivi son cours toute la journée de lundi. La Commission électorale (Ceni) pourrait annoncer les premiers résultats mardi, selon le ministre Daoudou. Avant même la clôture du vote, les douze candidats opposés au colonel Azali ont dénoncé dimanche une « mascarade » et appelé la population du pays à la « résistance ».

Comme celui de l’opposition, le bilan du scrutin dressé lundi par la société civile comorienne est accablant. Bureaux saccagés et fermés avant l’heure officielle de clôture (18H00 locales) par les forces de l’ordre, urnes bourrées, assesseurs de l’opposition empêchés, toute la palette de la fraude électorale y est passée.

Sur l’île d’Anjouan, en majorité hostile au président Azali, l’armée est intervenue pour disperser la foule en colère, faisant un mort et une dizaine de blessés. Le ministre de l’Intérieur a fermement démenti que ces personnes aient été victimes de tirs à balle réelle des forces de l’ordre et balayé les accusations de fraude.

Tout au long de sa campagne, le président sortant Azali Assoumani, 60 ans, a répété qu’il comptait bien l’emporter dès le premier tour. À la tête du pays de 1999 à 2006, réélu en 2016, l’ancien putschiste a engagé sa grande entreprise de maintien au pouvoir en faisant adopter, il y a un an, une réforme constitutionnelle par référendum.