Le président soudanais Omar El-Béchir a annoncé vendredi le limogeage du gouvernement et décrété l’état d’urgence dans tout le pays. Le Soudan est secoué depuis deux mois par des manifestations réclamant son départ.
Le président soudanais a décrété l’état d’urgence pour un an, dans un discours télévisé à la Nation. « J’annonce la dissolution du gouvernement aux niveaux fédéral et provincial », a ajouté l’homme fort du pays, qui compte briguer un troisième mandat en 2020.
Réagissant à ces annonces, l’Association des professionnels soudanais (APS), fer de lance du mouvement de contestation, a affirmé qu’elle continuerait à appeler à manifester jusqu’à ce que le président El-Béchir démissionne.
Cinq ministres du gouvernement sortant, dont ceux des Affaires étrangères, de la Défense et de la Justice, conserveront leur portefeuille, a annoncé quelques heures plus tard le président soudanais, qui a aussi nommé à la tête des 18 régions du pays 16 officiers de l’armée et deux responsables de la sécurité.
En plein marasme économique, le Soudan est le théâtre depuis le 19 décembre de manifestations quasi quotidiennes déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. La contestation s’est vite transformée en un mouvement réclamant la chute du président El-Béchir, qui tient le pays d’une main de fer depuis 1989. Selon des experts ce mouvement son plus grand défi en trois décennies.
Le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) mène la répression et a arrêté depuis décembre des centaines de manifestants, leaders de l’opposition, militants et journalistes, d’après des ONG.
Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le 19 décembre. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts, dont des enfants et des personnels médicaux. Le président, qui impute les violences à des « conspirateurs », avait déclaré en janvier que la seule façon de changer le pouvoir en place était de passer par les urnes.
En dépit de la répression, l’Association des professionnels soudanais, qui regroupe notamment des médecins, enseignants et ingénieurs, maintient la pression en appelant à des manifestations quotidiennes à travers le pays.