Le nouveau pouvoir militaire au Soudan a appelé dimanche des partis politiques à s’entendre sur une figure « indépendante » pour devenir Premier ministre. L’appel des militaires concerne aussi la constitution d’un « un gouvernement civil », réclamé par les manifestants qui maintiennent la pression dans la rue.
Le Conseil militaire de transition, qui tient désormais les rênes du pays, a semblé dimanche aller dans le sens des manifestants en demandant à des responsables de partis politiques de se mettre « d’accord sur une personnalité indépendante qui deviendrait Premier ministre et sur un gouvernement civil ».
Trois jours après la destitution, jeudi, du président Omar El-Béchir, des milliers de Soudanais campent toujours devant le QG de l’armée à Khartoum pour réclamer au nouveau Conseil militaire de transition qu’il cède le pouvoir à un exécutif civil. Les manifestants sont encadrés par l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis le 19 décembre.
Le ministère soudanais des Affaires étrangères avait appelé la communauté internationale à « soutenir le conseil militaire de transition dans le but de répondre à la volonté du peuple soudanais de réaliser une transition démocratique ».
Notons que le général Abdel Fattah Al-Burhane, à la tête du nouveau pouvoir militaire, s’était « engagé à instaurer un gouvernement entièrement civil », mais sans préciser à quelle date.
Outre la formation d’un gouvernement civil, les chefs de la contestation ont demandé samedi aux militaires la restructuration du service de renseignement (NISS), acteur ces quatre derniers mois de la répression des manifestants, qui a fait des dizaines de morts, a indiqué l’ALC. Le général Al-Burhane a promis « d’éliminer les racines » du régime d’Omar El-Béchir.
Il a par ailleurs annoncé la libération de tous les manifestants arrêtés ces dernières semaines et la levée du couvre-feu nocturne imposé jeudi par son prédécesseur, le général Awad Ibn Ouf, qui avait démissionné après une journée seulement à la tête du Conseil.
Il s’est également engagé à faire juger les personnes ayant tué des protestataires. Plus tôt dans la journée, le Conseil militaire avait annoncé la démission de Salah Gosh, le très redouté chef du NISS.