Les chefs du mouvement de contestation ont désigné Abdallah Hamdok, comme futur premier ministre du Soudan.

Les militaires au pouvoir et les meneurs de la contestation au Soudan devaient sceller samedi un accord historique ouvrant la voie à un transfert du pouvoir aux civils.

Une cérémonie devait se dérouler samedi après-midi à Khartoum sur les bords du Nil pour la signature des documents qui définissent les 39 mois de transition à venir. L’accord conclu début août a mis fin à près de huit mois d’un mouvement de contestation inédit qui a mené le 11 avril à la chute du président Omar El-Béchir, resté 30 ans au pouvoir, avant de se retourner contre les généraux du Conseil militaire de transition qui a pris sa succession.

Conclu à la faveur d’une médiation de l’Éthiopie et de l’Union africaine, cet accord a été accueilli avec soulagement des deux côtés, les manifestants célébrant la victoire de leur « révolution » et les généraux s’attribuant le mérite d’avoir évité une guerre civile.

Les premières étapes de la transition devraient suivre la signature avec l’annonce dimanche de la composition du Conseil souverain en majorité constitué de civils qui doit mener la transition.

Jeudi, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), le fer de lance de la contestation, a désigné Abdallah Hamdok, un ex-économiste de l’ONU, pour devenir Premier ministre. Le Conseil souverain doit annoncer mardi s’il le confirme à ce poste.

Abdellah Hamdok aura alors la lourde tâche de relever l’économie du pays qui s’est écroulée après que la sécession du Sud en 2011 l’a privée des trois quarts de ses réserves de pétrole. Inflation et pénuries ont été des moteurs de la contestation.

Des élections sont prévues pour 2022 mais beaucoup de Soudanais doutent d’ores et déjà des capacités des institutions de transition à limiter le pouvoir de l’élite militaire. Si ceux-ci sont minoritaires au sein des 11 membres du Conseil souverain qui doit gouverner 40 millions de Soudanais, celui-ci sera d’abord dirigé par un général pendant 21 mois. Et les ministres de l’Intérieur et de la Défense seront choisis par les militaires.

Selon l’AFP, le Premier ministre éthiopien participera à la cérémonie aux côtés de dirigeants d’autres pays de la région. L’une des premières conséquences de l’accord en matière diplomatique devrait être la levée de la suspension en juin du Soudan de l’Union africaine.

Le jour de la signature devait aussi être celui de l’ouverture du procès de l’ex-président inculpé pour corruption mais celle-ci a été repoussée à une date indéterminée. Vendredi, Amnesty International a averti contre la possibilité pour El-Béchir d’échapper à un procès devant la Cour pénale internationale qui a émis contre lui deux mandats d’arrêt notamment pour « génocide » au Darfour.