Un tribunal algérien a requis 10 ans de prison ferme contre un manifestant ayant brandi un drapeau berbère lors d’une manifestation.

Au moment où les marches hebdomadaires du vendredi s’éternisent en Algérie depuis le départ du président Abdelaziz Bouteflika, l’armée, principale force de décision à Alger, semble perdre son sang-froid.

En effet, après avoir prévenu que seules les couleurs nationales sont désormais autorisées dans les cortèges, le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, passe à l’acte. Selon la presse algérienne, « un tribunal algérien a requis 10 ans de prison ferme contre un manifestant ayant brandi un drapeau berbère lors d’un rassemblement contre le régime ».

Si aujourd’hui aucune sentence n’a encore été prononcée dans cette affaire, l’avocat de Nadir Fetissi le manifestant brandissant le drapeau berbère le 5 juillet et poursuivi pour atteinte à l’unité nationale, sera jugé ce jeudi. L’avocat Koceila Zerguine a assuré dans une déclaration à la presse que son client, jugé par le tribunal d’Annaba, à 400 km à l’est d’Alger, encourt désormais « une peine de 10 ans de prison ferme et une amende de 200.000 dinars (1500 euros) ». Furieux, l’avocat a rappelé qu’il n’existe « aucun texte juridique interdisant de brandir un autre drapeau que le drapeau national lors des manifestations ».

Nadir Fetissi n’est pas la seule personne poursuivie pour un tel motif. En effet, selon les chiffres rendus publics par la société civile, ils sont pas moins de 60 individus à être arrêtés et placés en détention préventive en attendant leurs procès dans plusieurs villes d’Algérie, dont une grande partie à Alger et ce pour des motifs similaires. Selon la presse algérienne, deux personnes ont déjà été jugées et condamnées à deux mois de prison avec sursis, contre les cinq ans de prison ferme requis par le procureur au départ de ces affaires.

Secouée depuis plusieurs mois par un mouvement de contestation, le plus important de ces dernières années, l’Algérie ne voit toujours pas le bout du tunnel. Homme fort du pays depuis le départ de Bouteflika, Gaid Salah gouverne et ne se cache plus. Selon l’Agence Française de presse (AFP), le général aurait donné aux forces de l’ordre la consigne de s’assurer qu’aucun autre drapeau que « l’emblème national » ne soit brandi lors des manifestations.