Le FLN rejette la conférence nationale proposée par Bouteflika, a déclaré son porte-parole Hocine Khaldoun à Dzair News.

La « Conférence nationale » qu’a proposée Abdelaziz Bouteflika pour réformer l’Algérie avant qu’il transmette le pouvoir « est inutile », a estimé dimanche le porte-parole du parti présidentiel, Hocine Khaldoun, sur la télévision privée Dzaïr News. Selon lui, un nouveau président doit être élu « maintenant ».

La direction du Front de libération nationale (FLN) du chef de l’État s’est toutefois rapidement démarquée des propos de son porte-parole. La direction du FLN a assuré dans un communiqué reçu par l’AFP renouveler son « attachement à la feuille de route décidée par le président » dont « l’organisation d’une conférence nationale ».

« Le FLN exprime ses positions via des communiqués émanant de sa direction », souligne également l’ancien parti unique, au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, sans faire explicitement référence aux déclarations de Hocine Khaldoun.

Ses propos illustrent une nouvelle fois les dissensions au sein du régime algérien, confronté depuis un mois à une contestation sans précédent et à des manifestations monstres réclamant le départ immédiat du président Bouteflika et de son entourage.

« En toute franchise, nous allons revoir notre position par rapport à la Conférence (nationale) pour décider si on y participe ou non », a déclaré Hocine Khaldoun sur l’antenne de Dzaïr News, chaîne d’information du groupe d’Ali Haddad, patron des patrons algériens et proche du chef de l’État.

À la tête de l’État depuis 20 ans, le président Bouteflika a, pour tenter de calmer la protestation, proposé de remettre son pouvoir à un successeur élu lors d’une présidentielle dont la date serait fixée à l’issue d’une « Conférence nationale ouverte à tous », chargée de réformer le pays et d’élaborer une nouvelle Constitution. Ce faisant, il a reporté sine die la présidentielle prévue le 18 avril et prolongé de fait son mandat au-delà de son expiration constitutionnelle le 28 avril, une décision massivement rejetée par la rue.

Le porte-parole du FLN a proposé la mise sur pied rapide d’une « instance indépendante » chargée d’organiser la présidentielle, ainsi qu’une modification de la loi électorale pour en « garantir la transparence ».

Principal allié du FLN au sein de la majorité présidentielle, le Rassemblement national démocratique (RND) avait déjà étalé au grand jour ses dissensions quand son porte-parole, Seddik Chihab avait estimé que le parti s’était « trompé » en soutenant la candidature de M. Bouteflika à un 5ème mandat, qui a déclenché la contestation. La direction du RND avait elle aussi rapidement désavoué son porte-parole.

Depuis quelques semaines, deux autres organisations piliers du pouvoir, la centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens) et l’organisation patronale FCE (Forum des chefs d’entreprises), se lézardent également.