La justice a décidé de rouvrir le dossier du membre du secrétariat du PJD Abdelali Hamieddine, dans l’affaire du meurtre d’un étudiant gauchiste en 1993.

Il s’appelle Abdelali Hamieddine, et il est considéré comme l’un des leaders du parti de la Justice et du développement (PDJ) au pouvoir depuis huit ans au Maroc. Il a été déféré vendredi 7 décembre devant la Chambre criminelle près de la Cour d’appel de Fès. Il est accusé d’avoir participé en 1993 à l’assassinat d’un étudiant gauchiste.

Un dossier qui date de plusieurs années

Un juge d’instruction près la Cour d’appel de Fès a décidé, vendredi dernier, de poursuivre Abdelali Hamieddine, membre du parti de la Justice et de développement et président d’une commission permanente au sein de la chambre des conseillers (deuxième chambre parlementaire au Maroc) pour participation à un homicide. L’affaire qui remontre à 1993 et implique le parlementaire du parti islamiste dans l’assassinat de Benaissa Aït Ljid, étudiant gauchiste assassiné à l’université de Fès refait donc surface et risque de compromettre l’avenir politique du parlementaire.

Toutefois, l’avocat de M. Hamieddine et également membre de son parti, avait affirmé que son client avait déjà été condamné en 1994 et purgé sa peine de prison de deux ans, pour « participation à une réunion séditieuse au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort ». Le suspect avait par la suite obtenu réparation auprès de l’Instance Équité et de la Réconciliation (IER) pour les années qu’il a passé en prison notamment pour le mauvais traitement enduré pendant sa détention.

Le PJD fait front commun

Parti au pouvoir depuis plusieurs années au Maroc, le PJD ne compte pas lâcher l’un des siens. Convoquant, dimanche, une réunion urgente de son secrétariat général, le parti sous la présidence du chef de gouvernement a publié un communiqué listant les arguments qui selon lui vont à l’encontre de cette décision et notamment le fait que l’Instance Équité et réconciliation a rendu une sentence arbitrale confirmant le caractère administratif de son arrestation. Le parti cite également une précédente décision du juge d’instruction et du parquet de ne pas ré-ouvrir le dossier.

De son côté, le ministre de l’État chargé des droits de l’homme et membre du secrétariat du parti, Mustapha Ramid a été moins diplomate dans ses déclarations. Le responsable s’est attaqué frontalement au système judiciaire du pays en s’interrogeant sur l’indépendance de la justice. Pour suivre de près l’évolution du dossier, le parti a décidé de constituer une commission spéciale et a chargé Ramid de la présider.