Le Parlement soudanais a approuvé lundi l’instauration de l’état d’urgence mais uniquement pour six mois au lieu d’un an réclamé par le président Omar El-Béchir. L’objectif serait de contenir la contestation qui secoue le pays depuis près de trois mois.
Une commission parlementaire avait été créée pour examiner le décret présidentiel et avait suggéré de raccourcir l’état d’urgence à six mois au lieu d’un an. Lundi, le Parlement, dominé par le parti présidentiel (Parti du Congrès national), a approuvé cette recommandation.
« Un état d’urgence de six mois a été approuvé à la majorité », a déclaré le président du Parlement Ibrahim Ahmed Omer, après un vote sur le décret présidentiel. Le président soudanais, qui fait face à sa plus sérieuse contestation depuis son arrivée au pouvoir il y a 30 ans par un Coup d’État, avait déclaré le 22 février un état d’urgence d’un an dans tout le pays dans l’espoir de mettre fin aux manifestations quasi quotidiennes réclamant sa démission.
Ce vote intervient alors que les organisations de défense des droits humains estiment que l’état d’urgence entraîne de nombreux abus de la part des autorités.
« Le Parlement ne voulait pas rejeter le décret présidentiel, donc il a trouvé un compromis en maintenant l’état d’urgence pour six mois », estime Nabeel Adib, un célèbre défenseur des droits humains au Soudan, cité par l’AFP. « Mais pour moi, six mois ou un an, ce n’est pas très différent. Cette mesure viole des droits humains qui sont garantis dans la Constitution soudanaise », a -t-il ajouté.
Les protestations ont éclaté le 19 décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un pays en plein marasme économique. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début des manifestations. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts.
Le président El-Béchir, qui tient le pays d’une main de fer depuis 1989, a notamment ordonné la mise en place de tribunaux d’urgence pour juger toute personne ayant violé l’état d’urgence. Il a également donné des pouvoirs étendus aux forces de sécurité et les services de renseignement pour mener des raids et des perquisitions.