Les parties civiles ont réclamé vendredi que l’instruction se poursuive dans l’enquête sur de possibles responsabilités de l’armée française dans le massacre de centaines de Tutsis à Bisesero en 1994 au Rwanda.
Depuis 2005, six rescapés du massacre de Bisesero, l’association Survie, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et d’autres parties civiles accusent la force militaire française Turquoise d’avoir « sciemment abandonné » des centaines de Tutsis des collines de Bisesero (ouest), du 27 au 30 juin 1994, aux génocidaires alliés au pouvoir gouvernemental hutu.
Les rescapés, à l’origine de la plainte en 2005, affirment que les militaires français leur ont promis le 27 juin 1994 de les secourir, pour ne le faire finalement que le 30 juin. Pendant ces trois jours, des centaines de Tutsis ont été massacrés dans ces collines. Le génocide a fait 800.000 morts selon les Nations-Unies, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Mais le 27 juillet, les juges du pôle « crimes contre l’humanité et crimes de guerre » au tribunal de Paris ont annoncé la clôture de l’instruction. L’absence de suspects mis en examen (inculpés) au terme d’une information judiciaire ouvre logiquement la voie à un non-lieu.
Une vidéo embarrassante pour l’armée française
Jeudi, le site d’investigation Mediapart a publié une vidéo embarrassante pour l’armée française. La vidéo, versée au dossier en 2013, a fait l’objet des investigations des juges d’instruction français.
Ces images filmées le 28 juin 1994 montrent le chef des opérations spéciales au Rwanda, le colonel Jacques Rosier, en conversation avec l’un de ses subordonnés, qui l’informe que des tueries sont perpétrées contre des Tutsis à Bisesero.
Le sergent-chef révèle également à son supérieur que le guide de l’armée française était probablement un génocidaire hutu. Malgré ces récits, le colonel écoute d’un air distant et ne réagit pas. « Il y a des milliers de documents dans ce dossier, Mediapart et les parties civiles peuvent feuilletonner pendant des mois s’ils veulent, ces éléments ne sont pas nouveaux », a réagi à l’AFP Me Emmanuel Bidanda, avocat de Jacques Rosier.