Une plainte contre le président tunisien Beji Caïd Essebsi, a été déposée pour abus de pouvoir.

Des ONG et un média tunisien ont déposé une plainte contre le président Béji Caïd Essebsi pour « abus de pouvoir ». Les plaignants accusent le président la grâce accordée à un cadre du parti co-fondé par le chef de l’État, dans une affaire de corruption remontant à l’avant-révolution.

Dans un communiqué commun, rendu public lundi (date anniversaire de la révolution de 2011), les ONG Al-Bawsala et I-Watch, ainsi que le rédacteur-en-chef de Nawaat ont affirmé avoir déposé une plainte le 11 janvier pour abus de pouvoir contre la grâce « accordée par le président à Borhane Bsaïes ». « La décision présidentielle contestée est motivée par des intérêts partisans allant à l’encontre des valeurs de justice, d’équité et de bonne gouvernance dans une Tunisie gangrenée par la corruption », ont-ils écrit dans ce communiqué relayé par les médias.

L’ONG I-Watch est spécialisée dans le combat anticorruption et pour la transparence. Al-Bawsala est une ONG créée après la révolution pour évaluer le travail législatif et plus largement suivre la vie politique tunisienne.

« Une action en justice a été entreprise contre l’amnistie accordée par le président tunisien à Borhane Bsaïes par les ONG Bawsala et I-Watch, et par le rédacteur-en-chef du site (d’informations) Nawaat », a confirmé mardi à l’AFP le tribunal administratif, confirmant une annonce faite par les trois plaignants.

Borhane Bsaïes a rejoint après la révolution le parti Nidaa Tounes, co-fondé en 2012 par l’actuel président Béji Caïd Essebsi. Il est qualifié d’« ancien propagandiste du président déchu Zine El Abidine Ben Ali » par l’AFP.

Premier président élu démocratiquement au suffrage universel, en 2014, Caïd Essebsi, 92 ans, a été accusé par ses détracteurs de chercher à revenir à certaines méthodes de l’ancien régime, ce dont il s’est toujours défendu. Il a notamment été critiqué pour avoir présenté en 2015 un projet de loi controversé d’amnistie de personnes impliquées dans la corruption sous la dictature. Une version amendée a été adoptée par le Parlement puis promulgué par le président deux ans plus tard.

Des élections législatives et présidentielle doivent se tenir en fin d’année en Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe. Béji Caïd Essebsi n’a pas encore indiqué s’il serait candidat à un deuxième mandat.