L’ONU a condamné un raid aérien mené contre le seul aéroport de Tripoli.

Tripoli est partiellement privée mardi de son seul aéroport fonctionnel, au lendemain d’une frappe aérienne des forces du maréchal Khalifa Haftar, engagées dans une offensive vers la capitale libyenne, siège du gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez Al-Sarraj.

Malgré les appels de la communauté internationale, le maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen, et son autoproclamée Armée nationale (ANL) mènent l’assaut vers Tripoli (ouest) au prix de violents combats avec ces rivaux du GNA, des affrontements déjà à l’origine de dizaines de morts et de milliers de déplacés.

Après une nuit plutôt calme, les combats ont repris mardi matin au sud de la capitale, en particulier à Gasr Ben Ghachir et Wadi Rabi (environ 30 km), selon une source de sécurité à Tripoli. Les deux camps proclament quotidiennement des « avancées » mais jusqu’ici, sur le terrain, aucun des deux ne semble dominer les combats.

L’ANL a revendiqué le raid aérien de lundi contre l’aéroport de Mitiga, dans la banlieue est de Tripoli, qui a provoqué la suspension immédiate des vols et l’évacuation de l’aéroport, même si l’attaque n’a pas fait de victime, selon une source aéroportuaire et auprès de la compagnie nationale Libyan Airlines, citée par l’AFP.

Mardi, l’Autorité de l’aviation civile a indiqué avoir décidé la « reprise des vols nocturnes seulement jusqu’à nouvel ordre ». Dénonçant l’attaque, l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a estimé qu’elle constituait « une violation grave du droit international humanitaire qui interdit les attaques contre des infrastructures civiles ».

Malgré le spectre d’une guerre généralisée en Libye, pays pétrolier en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, les grandes puissances ont toutefois échoué à se mettre d’accord à l’ONU sur une déclaration appelant le camp Haftar à cesser son offensive.

Présentée au Conseil de sécurité dimanche soir, cette déclaration, soutenue entre autres par Washington, a été bloquée par la Russie, qui tient à ce que « toutes les parties » soient appelées à la retenue.

Le maréchal Haftar est appuyé politiquement par une autorité basée dans l’est du pays. Récemment, ses forces ont étendu leur emprise sur le sud de la Libye. Elles visent désormais l’ouest, où est situé Tripoli. Mais elles font face au GNA, reconnu par la communauté internationale et soutenu par de puissantes milices de l’ouest libyen.