Teodoro Obiang Nguema Mbasogo fête ses 40 ans à la tête de la Guinée-équatoriale.

Ce jour, le président équato-guinéen fête le quarantième anniversaire de son arrivée au pouvoir. Il est le président qui est le plus longtemps en activité dans le monde.

S’étant emparé du pouvoir, à la suite d’un coup d’état militaire, le 3 août 1979 Obiang a réussi à tenir la barre, contre vents et marées, jusqu’ici. Il a échappé à de très nombreuses tentatives de putsch, dont celle très médiatisée, dirigée par Simon Mann, mercenaire britannique, avec l’implication du fils de Margaret Thacher, Mark.

En vérité le nombre réel de coups d’état avortés en Guinée-Équatoriale ne sera jamais connu. Parce que le régime cultive aussi le secret, sur ce plan. Quoiqu’il en soit, Obiang est toujours là et a su préserver l’indépendance de son pays.

C’est un exploit qu’il faut constater car la Guinée-Équatoriale est un petit pays, de moins d’un million d’habitants et qui a des richesses fabuleuses qui attirent beaucoup de convoitises.

Depuis, environ un quart de siècle, la manne pétrolière a permis à Obiang de transformer ce « petit coin d’Afrique centrale » en territoire moderne, hérissé de buildings, de routes et d’autoroutes, d’universités, de ports et d’aéroports, bref d’infrastructures de dernière génération. Cette prouesse est ce dont le président Obiang et ses soutiens sont le plus fiers.

Ils ont raison, car un pays comme le Gabon a lamentablement échoué à se moderniser, après 50 ans d’exploitation pétrolière. Il en est de même des autres pays de la région qui ont dilapidé les ressources générées par la production d’or noir. Et aucun de ces pays n’est plus démocratique que la Guinée-Équatoriale.

La triste réalité est que les progrès démocratiques sont minces en Afrique centrale, contrairement à l’Afrique de l’Ouest, par exemple, où les alternances au pouvoir sont multiples, au Ghana, au Mali, au Bénin, au Sénégal, en Sierra Léone, au Liberia, en Mauritanie, il y a quelques jours.

Sur ce plan, la Guinée-Équatoriale se situe dans lot des pays d’Afrique centrale. Et les critiques sont parfaitement justifiées pour dénoncer le non respect de la liberté de la presse, de la possibilité pour les partis d’opposition d’exercer librement leurs droits démocratiques, des syndicats d’en faire de même.

Le régime Obiang a la phobie des putschs et verrouille, autant qu’il peut, pour ne pas permettre à ses ennemis d’agir. La démarche est compréhensible, mais elle est liberticide. Il est permis d’affirmer que sans une telle fermeté, Obiang n’aurait pas fêté ses quarante ans de règne.

D’autres pays, notamment en Asie, comme la Corée du Sud, Taïwan, Singapour etc… se sont émancipés économiquement avec des régimes autoritaires, avant de basculer dans la démocratie.

Une telle évolution est-elle envisageable en Guinée-Équatoriale ? Rien n’est moins sûr, du fait de la petite taille du pays et des convoitises sous-régionales et internationales et des oppositions internes muselées par le régime. Et qui pourraient « intoxiquer » le pays en cas de démocratisation. Comme on le voit dans de nombreux pays africains et d’autres.

Toutefois, après 40 ans de règne, la question de la succession se pose, même si Obiang est beaucoup moins âgé que Paul Biya, par exemple (qui a 86 ans) et qui est au pouvoir depuis 1982. Obiang a 77 ans et semble en bonne santé.

En Afrique centrale la règle semble être la « présidence à vie » ou la retraite forcée. Il y a la République Centrafricaine qui s’est engagée dans une voie démocratique et traverse de nombreuses difficultés. La R.D.Congo vient de réaliser une « alternance sur mesure », avec « cohabitation ».

La Guinée-Équatoriale pourrait inventer autre chose. En attendant Obiang a établi un record et devrait viser celui de Kadhafi qui est resté au pouvoir 41 ans 11 mois et 22 jours.