Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays disposait de « preuves concluantes » d’un programme secret iranien pour se doter de l’arme nucléaire.

Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, le premier ministre israélien a fait une grosse sortie à la télévision pour affirmer que « son pays a des preuves irréfutables concernant le programme nucléaire iranien ».

Première affirmation : « le projet dénommé Ahmad vise la fabrication de bombes atomiques ». Deuxième affirmation : « le projet Ahmad se poursuit, sous un autre nom, malgré l’accord sur le nucléaire signé par l’Iran ».

Netanyahu nous demande de le croire sur parole et se prévaut d’une caution américaine : les « Américains ont vu les documents top secrets et sont convaincus de leur véracité ».
Première question : Pourquoi Netanyahu n’avait-il jamais auparavant étalé ses preuves pour convaincre tous les 5 membres du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne signataires de l’accord conclu avec l’Iran depuis 2015  ? Deuxième question : pourquoi parle-t-il maintenant ?

Nul ne peut croire que cette sortie médiatique soit étrangère à la prochaine décision que le président américain Trump doit prendre le 12 mai pour retirer ou non son pays de l’accord sur le nucléaire iranien.

Troisième question : Les services israéliens qui sont très efficaces pourraient-ils damer le pion à ceux des autres grandes parties prenantes de l’accord signé, au terme de négociations très difficiles ayant abouti à des clauses de vérifications draconiennes.
Les enquêteurs de l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pourraient-ils, tous s’accorder sur le sérieux des iraniens et leur respect scrupuleux de l’accord ; si ce n’était pas le cas ? À supposer que quelques uns soient défaillants et/ou corrompus ; il est impensable qu’ils puissent l’être tous ?

Ceci dit, un accord parfait ne serait pas humain. Mais de l’avis de tous les signataires, jusqu’ici, il est solide et les conditions pour en garantir le respect par l’Iran, rigoureuses.
Le problème, aujourd’hui c’est que Trump et Netanyahu ont des intérêts politiques personnels convergents pour faire diversion, chacun chez lui.

Trump pour « faire oublier un instant l’affaire de l’ingérence russe dans la campagne de 2016 » et Netanyahu pour desserrer l’étau sur les soupçons de corruption qui lui empoisonnent la vie. Il s’y ajoute que le premier ministre israélien voit d’un très mauvais œil l’axe Téhéran-Istanbul-Moscou qui se dessine dans la région. Trump partage la même vision idéologique.

Ces deux là cependant oublient de voir la réalité en face : l’Iran est une puissance régionale forte de près de 100 millions d’habitants. Si l’accord devient caduc, comment empêcher l’Iran de se doter d’un programme militaire nucléaire ?

La seule possibilité sera un conflit ouvert qui sera dévastateur pour toute la région.
Quant à l’idée d’un nouvel accord ; elle ne tient pas la route. Le président Macron qui a glissé verbalement sur cette pente a vite fait de revenir sur ses pas. Le mal est déjà fait cependant. Et ce d’autant qu’il avait affirmé qu’il n’y avait pas de plan B.

La sortie de Netanyahu semble préparer le terrain au patron de la maison Blanche.
La stratégie de la tension est un choix politique à courte vue. Trump et Netanyahu ont déjà démontré qu’ils étaient prêts à tout pour gagner du temps.