Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche, malgré un important dispositif policier, dans le centre d’Alger. Les manifestants sont sortis pour s’opposer à un 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
Des dizaines de milliers de personnes, répondant à des appels lancés par des anonymes sur les réseaux sociaux, étaient alors descendues dans la rue, notamment dans la capitale, où les manifestations sont pourtant strictement interdites et où la police, débordée par le nombre, n’avait pu les en empêcher. La mobilisation a été bien plus faible que lors des manifestations massives de vendredi, qui ont surpris par leur ampleur et ont marqué les esprits, selon l’AFP.
Dimanche, les protestataires ont tenu la rue plusieurs heures avant d’en partir dans l’après-midi. Après leur départ, des petits groupes de jeunes Algériens ont longtemps continué à scander des slogans contre le 5ème mandat du président Bouteflika, malgré de nouveaux jets de gaz lacrymogènes de la police. Des interpellations de manifestants auraient eu lieu. À Alger, la police a tenté d’empêcher le rassemblement de Mouwatana en évacuant avant même qu’il ne débute la Place Audin où une cinquantaine de militants étaient déjà réunis.
Fondé en juin 2018 pour s’opposer à un 5ème mandat annoncé, le mouvement “citoyen” Mouwatana, composé d’intellectuels (partis d’opposition, militants associatifs, journalistes, avocats, artistes…), peine traditionnellement à mobiliser au-delà de son milieu d’origine.
Dimanche, un vent de révolte a également soufflé sur la radio nationale algérienne : des journalistes ont dénoncé le silence imposé à l’antenne par leur hiérarchie sur les manifestations massives de vendredi, dont les médias audiovisuels publics n’ont pas fait état.
Dans une lettre, ils ont notamment fustigé le « non-respect de la neutralité dans le traitement de l’information » au sein des rédactions de la radio et « le traitement exceptionnel » réservé au camp présidentiel au détriment de l’opposition.
En France, des centaines de personnes ont également manifesté à Paris, aux cris de « Non au 5ème mandat », arborant des drapeaux algériens et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Pouvoir assassin » ou « Système, dégage ».
Affaibli par un AVC dont il a été victime en 2013, le chef de l’État, cloué sur un fauteuil roulant, n’apparaît que rarement en public. La présidence a finalement annoncé que M. Bouteflika devait s’envoler dimanche à destination de Genève pour un “court séjour afin d’y effectuer des contrôles médicaux périodiques“.
Au pouvoir depuis 1999, M. Bouteflika a mis fin le 10 février à des mois d’interrogations sur ses intentions, en annonçant dans une “lettre à la Nation” qu’il briguerait un 5ème mandat lors de la présidentielle du 18 avril, scrutin qui est présenté comme joué d’avance.