L’armée du général Haftar attaque des positions tchadiennes dans le sud du pays.

Une offensive militaire vient d’être lancée par l’homme fort de l’est libyen, Khalifa Haftar, dans le sud de la Libye. L’objectif serait de « combattre les terroristes et groupes armés étrangers ». Pour les observateurs, cette offensive risque d’exacerber les tensions politiques et ethniques dans un pays déjà plongé dans le chaos.

Après avoir annoncé, quelques jours plus tard, l’élimination d’un homme présenté comme un dirigeant d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’armée du maréchal Haftar a affirmé concentrer son action sur des groupes rebelles tchadiens accusés d’« alimenter l’insécurité et de profiter des frontières poreuses pour établir des bases arrières ».

Cette opération fait toutefois courir le risque de raviver les tensions, écrit l’AFP. Et ce, dans une région marquée, jusqu’à la signature d’un accord de paix en 2017, par des combats sanglants entre la communauté Toubou et des tribus arabes.

Les Toubous, minorité libyenne à la peau noire qui se plaint de longue date de discrimination, a d’ores et déjà crié au « nettoyage ethnique ». Ils accusent l’Armée nationale libyenne (ANL), qui compte pourtant en son sein des Toubous, d’avoir chargé des tribus rivales arabes de pénétrer dans leurs zones.

Alors que l’armée du maréchal Haftar a annoncé vendredi avoir combattu des rebelles tchadiens à Ghudduwah, au sud de Sebha (650 km de Tripoli), avant de mener dimanche des frappes aériennes contre ces groupes, les Toubous libyens disent avoir été également visés. Et la colère a gagné leurs représentants dans le nord-est libyen.

Plus de sept ans après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye reste profondément divisée avec, d’un côté, un gouvernement d’union nationale (GNA) basé dans la capitale Tripoli (nord-ouest), issu d’un processus onusien. Et, de l’autre, un cabinet parallèle appuyé par l’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur le nord-est.

Vaste région désertique aux confins de l’Algérie, du Niger, du Tchad et du Soudan, le sud a lui été globalement délaissé par ces autorités rivales se disputant le pouvoir dans le nord. Mi-janvier, l’ANL a toutefois lancé une offensive dans cette région où les réseaux terroristes et de contrebande pullulent, assurant vouloir la « purger des groupes terroristes et criminels ».