Regain de « terreur » dans les zones anglophones.

Le Cameroun est en proie à une nouvelle escalade de la violence. Séparatistes armés et soldats se renvoyant la responsabilité des exactions dont sont victimes les civils, notamment dans les régions anglophones.

« Des militaires camerounais ont semé la terreur dans la région anglophone du Nord-Ouest le 15 mai 2019, incendiant plus de 70 habitations à Mankon, dans l’agglomération de Bamenda », a accusé jeudi Human Rights Watch (HRW).

« La terreur règne » aussi dans le Sud-Ouest, la deuxième région anglophone, affirme sous couvert d’anonymat un responsable d’ONG, cité par l’AFP, pour qui les séparatistes qui réclament l’indépendance, comme les soldats camerounais qui les combattent, en sont les instigateurs.

À Muyuka (Sud-Ouest), l’un des épicentres du conflit, un bébé de quatre mois a été tué lundi alors que le pays célébrait sa fête nationale. Très vite, les séparatistes ont accusé l’armée d’être responsable de cet assassinat, de même que les parents de la victime. Dans un communiqué publié mercredi, le gouvernement a réfuté toute implication de l’armée dans ce meurtre, dont il a imputé la responsabilité aux séparatistes.

Mardi, un enseignant de lycée a été décapité à Bamenda, où sa tête a été découverte à un carrefour de la ville, des témoins rapportant qu’elle y avait été déposée par des hommes roulant à moto. Les autorités ont annoncé l’ouverture d’une enquête, tout sous-entendant que cet assassinat portait la marque des séparatistes. Ceux-ci ont nié toute implication, estimant que l’armée en était à l’origine.

Le 15 mai, deux militaires ont été abattus à Mankon dans la périphérie de Bamenda par des séparatistes. Aussitôt, un groupe de soldats y a fait une descente punitive. « Des militaires ont notamment traîné de force un homme hors de chez lui avant de l’abattre dans la rue », a rapporté HRW dans son communiqué de jeudi.

Ils ont également incendié 70 habitations, pillé des maisons, des boutiques et abattus des animaux domestiques, d’après l’ONG, qui cite des témoignages d’habitants et se base sur des images satellites de la région. Le gouverneur du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique, avait imputé la responsabilité de ces destructions à la « réaction malheureuse » de militaires, des « éléments indisciplinés ».

L’escalade de la violence dans les deux régions anglophones survient peu après la visite sur place du Premier ministre Joseph Dion Ngute, qui s’était dit porteur d’un message de “paix” et de “réconciliation”.

Rappelons que les séparatistes anglophones du Cameroun, pays à majorité francophone, militent pour la création d’un État indépendant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Selon l’ONU, la crise a déjà forcé plus de 530.000 personnes à quitter leurs domiciles. En vingt mois, le conflit a fait 1.850 morts, selon le centre d’analyses géopolitiques International Crisis Group (ICG).