L’opposant Moïse Katumbi de retour en RD Congo, après trois ans d’exil.

Quatre mois après la présidentielle très contestée en RD CONGO, qui a fini par accoucher d’un deal politique qui a propulsé Etienne Tsihisekedi à la tête de l’État, une nouvelle donne semble s’enraciner dans le pays.


L’opposant Moise Katumbi qui a été empêché de revenir, pendant la période électorale, a obtenu le feu vert et a retrouvé son Katanga natal où il a été accueilli triomphalement. Comme par enchantement, ses ennuis judiciaires sont « oubliés ».

Une fois sur le sol de la patrie, après trois ans d’absence forcée, il a réitéré sa détermination de rester dans l’opposition. Ce serait curieux qu’il soit autorisé à rentrer sans contrepartie aucune. Même si le pouvoir politique est cadenassé par le président sortant Joseph Kabila dont le parti est majoritaire au parlement, au niveau des provinces et, logiquement vient de s’adjuger la primature.

Etienne Tshisekedi a une petite marge de manœuvre et a pu, refuser de nommer premier ministre la « personne qui était le premier choix » de son prédécesseur et nouveau partenaire. Il vient aussi de gagner le combat de faire revenir la dépouille de son père à Kinshasa, le 30 mai prochain. Le scandale du refus d’accepter l’inhumation de l’opposant historique chez lui ne s’efface pas pour autant. Des funérailles grandioses, à la dimension du personnage, pourraient aider ses partisans à pardonner. Et a tourner la page.

Il y a cependant de nombreuses interrogations que nul ne peut passer sous silence : Tshisekedi peut-il continuer à laisser le clan Kabila continuer sa curée sur les ressources nationales ? Le rapport de force politique, même défavorable, ne permet-il pas à l’occupant de la présidence d’agir pour faire reculer les prédateurs de l’économie nationale ? Si rien ne change, l’alternance dévoyée ne va-t-elle pas avorter ? Le deal Kabila/Tshisekedi est-il viable à long terme ?

Martin Fayulu, vainqueur autoproclamé de la présidentielle est, pour le moment écarté et muselé ; mais il persiste dans sa position de refus du « fait accompli ».
Moise Katumbi a une plus grande marge de manœuvre, lui qui est l’opposant qui a le plus grand nombre de députés.

Avant d’engager un bras de fer, il va certainement réfléchir, à deux fois, avec les épées de Damoclès judiciaires suspendues au-dessus de sa tête. Une photographie globale de la situation politique du pays, met en exergue la mainmise toujours très forte du clan Kabila.

L’alternance dévoyée et/ou en clair-obscur qui règne en RD Congo n’est guère rassurante pour l’avenir. Les intérêts en jeux sont colossaux et dépassent les seuls protagonistes locaux.

Puissances occidentales et autres, potentats régionaux et mouvements rebelles, tous se nourrissent sur la bête, en exploitant, clandestinement les immenses ressources minières du sous-sol congolais. L’équation congolaise est d’une redoutable complexité.

Mais c’est le peuple congolais qui en souffre, en vivant dans la pauvreté, et sous la menace d’épidémies récurrentes comme celle causée par le virus Ebola. Actuellement, une nouvelle « crise Ebola » fait des ravages dans le pays.

Comme par hasard, les voix les plus tonitruantes qui mettaient en cause les résultats des élections présidentielles, se sont tues. Comme par hasard !