Plus d’un millier de partisans de l’opposition se sont réunis samedi pour exiger la démission immédiate du président Hery Rajaonarimampianina.

Madagascar est à nouveau secouée par une crise politique. L’opposition, qui accuse le pouvoir de vouloir entacher la bonne tenue des élections présidentielles prévues avant la fin de l’année, demande désormais le départ du chef de l’État.

Un violent affrontement

Les démons de l’instabilité politique se réveillent à nouveau dans la Grande Île. Madagascar est, en effet, secouée depuis plusieurs jours par une nouvelle crise politique opposant le pouvoir et l’opposition. Cette dernière organise des marches de protestations pour dénoncer les manœuvres du pouvoir visant, selon elle, à entacher la tenue de la prochaine élection présidentielle, prévue dans quelques mois.

Le bras de fer est même monté d’un cran, les protestataires réclament désormais le départ pur et simple de Hery Rajaonarimampianina.

En fin de semaine dernière, des centaines de manifestants ont convergé dans le calme vers le tribunal d’Anosy, sous la protection de gendarmes armés, pour y déposer une plainte contre le chef de l’État et le gouvernement. Accusés d’être les « responsables de la tuerie de samedi », qui a fait deux morts, parmi les partisans de l’opposition.

Bien que le pouvoir ait appelé au dialogue, l’opposition refuse toute discussion et exige le départ du chef de l’État. « Ces négociations sont juste des stratégies pour détourner l’attention du peuple. Et je ne vois pas trop l’intérêt de faire appel à des étrangers. Les Malgaches peuvent très bien parler entre eux », a estimé un manifestant.

Trois présidents sur le ring

Cette nouvelle crise à Madagascar, grande île de l’Océan indien à l’histoire politique mouvementée, a éclaté au grand jour, samedi 21 avril, avec la manifestation, interdite par les autorités, qui a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre.

À l’origine du mécontentement : les nouvelles lois électorales que l’opposition juge favorables au gouvernement. Depuis, les manifestations, d’assez faible ampleur, se poursuivent tous les jours, et dans le calme, dans la capitale, avec un nouveau mot d’ordre : la chute du président, en poste depuis 2014.

Dimanche soir, le président Hery Rajaonarimampianina avait dénoncé une tentative de «coup d’État». Élu en 2013, il n’a pas encore annoncé qu’il allait briguer un second mandat cette année. En revanche, les deux principaux chefs de l’opposition, Marc Ravalomanana, président de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014, ont déjà laissé entendre qu’ils étaient prêts à se lancer dans la bataille. Dans la fronde actuelle, ces deux anciens ennemis font cause commune contre le régime en place.

Reprise molle 
sur le plan économique, la croissance malgache a été freinée en 2017, par le passage violent du cyclone Enawo, alors que l’île se remettait à peine de la sécheresse provoquée par le phénomène climatique El Niño.

Le PIB a stagné à 4,2%, comme en 2016. Toutefois, l’élan retrouvé depuis la crise politique (2009-2013) devrait reprendre sa marche en 2018, avec une maigre avancée à 4,8%.

Après deux années de mauvaises récoltes, l’activité du secteur agricole, qui représente près d’un quart du PIB, devrait être plus porteuse. Dans le secteur secondaire, l’agro-industrie bénéficiera, notamment, de la montée en puissance des usines sucrières de Nosy-Be et Morondava.