Deux années après son éviction à la tête du gouvernement tunisien, Habib Essid a signé hier son retour à la gestion des affaires publiques. L’ancien chef du gouvernement a été en effet nommé lundi ministre conseiller spécial auprès du président de la Tunisie en charge des affaires politiques.
Retour en force de l’ex-chef du gouvernement
Ce poste était resté vacant depuis le décès, le 8 octobre dernier de son ancien titulaire Slim Chaker. L’annonce de cette nomination a été publiée par Carthage à l’issue de l’audience accordée lundi matin par le président Béji Caïd Essebsi à Habib Essid.
L’ancien chef du gouvernement avait rencontré mardi 31 juillet en fin d’après-midi à Dar Dhiafa son successeur à la Kasbah, Youssef Chahed.
Pour rappel, le 30 juillet 2016, Habib Essid avait quitté l’hémicycle du Bardo, son poste de chef du gouvernement et le pouvoir sous les applaudissements des députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Ils venaient pourtant de lui notifier sa disgrâce en lui signifiant le retrait de la confiance du Parlement.
Une nomination en pleine crise politique
Selon les observateurs, cette nomination représente un atout majeur pour le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, en pleine crise politique avec le gouvernement Chahed.
Cette nomination semble refléter une volonté de Béji Caïd Essebsi de renouveler son personnel politique et de revenir à des fondamentaux en s’entourant de certaines expertises. Habib Essid a été ministre de l’Intérieur en 2011 puis chef du gouvernement en 2015. Selon les médias tunisiens, l’homme est décrit comme « indépendant et d’une probité extrême », et « fin connaisseur des rouages de l’État ».
Sept ans après la révolution, la Tunisie a certes renoué avec la croissance en 2017 mais le climat social reste tendu, alimenté par une inflation qui s’amplifie (8% attendus en 2018) et un chômage persistant autour des 15%, voire proche de 30% chez les jeunes diplômés.
Youssef Chahed est actuellement à la tête d’un gouvernement d’union nationale depuis 2016 sous l’étiquette Ennahdha. Mais il est de plus en plus ouvertement contesté. Depuis trois mois, des partis politiques, dont une branche du parti présidentiel Nidaa Tounès, et la puissante centrale syndicale l’UGTT, réclament son départ en arguant des difficultés économiques.