Le pouvoir algérien a nommé personnalités pour mener le « dialogue » censé faire sortir l’Algérie de plusieurs mois de crise politique. Aucune figure importante de la contestation n’apparait dans la liste des 6 personnalités présentées.
Abdelkader Bensalah a en effet reçu jeudi à Alger « les membres du Panel des personnalités, appelé à mener » ce dialogue composé notamment de Karim Younes, ex-président de la Chambre basse et ancien ministre de Bouteflika, Fatiha Benabbou, professeure de droit public et Smail Lalmas, chef d’entreprise, selon le communiqué de la présidence algérienne, publié par l’agence officielle APS.
Y figurent également Bouzid Lazhari, professeur de droit public et ancien parlementaire de la Chambre haute, ainsi qu’Abdelwahab Bendjelloul, syndicaliste de l’enseignement et Azzedine Benaissa, universitaire.
Le président Bensalah, dont l’intérim a constitutionnellement pris fin le 9 juillet, avait proposé « un processus de dialogue conduit et mené en toute liberté et en toute transparence » et sans la participation de l’Etat ni de l’armée. Il avait exclu que le dialogue aborde « les exigences irréalistes » de la contestation, « de nature à entraîner notre pays dans une situation de vide constitutionnel ».
Le dialogue « portera sur tous les aspects » liés à l’organisation du scrutin présidentiel « dans une transparence totale et une régularité sans failles », rappelle la présidence. Les partis et associations proches de la contestation – qui n’est incarnée par aucun leader – apparaissent désunis face à cette nouvelle offre de dialogue du pouvoir.
Sous les pressions conjuguées d’un mouvement de protestation inédit déclenché le 22 février et de l’armée, le président Abdelaziz Bouteflika a démissionné le 2 avril après 20 ans à la tête du pays. Une présidentielle prévue le 4 juillet pour élire son successeur n’a pu être organisée faute de candidats.
Rejetant la revendication de la contestation qui réclame avant tout scrutin le départ du pouvoir de tous les anciens hauts responsables de la présidence Bouteflika, le chef de l’État par intérim Abdelkader Bensalah – fidèle de la première heure du président déchu – a proposé début juillet un « dialogue » devant fixer les modalités de l’organisation rapide d’une présidentielle.