Le président tunisien par intérim, Mohamed Ennaceur incarne à 85 ans la continuité du chef de l’État décédé Beji Caïd Essebsi dont il était proche. Ce spécialiste en droit social exercera le pouvoir durant 45 à 90 jours, jusqu’à une présidentielle anticipée.
Mohamed Ennaceur avait été victime d’un malaise à la fin du mois de juin, ce qui avait soulevé des inquiétudes sur sa capacité à remplacer le président Essebsi en cas de vacance du pouvoir, rappelle l’AFP.
Élu président du premier Parlement tunisien post-révolutionnaire en décembre 2014, trois ans après la révolution qui mit fin à la dictature, Mohamed Ennaceur a commencé sa carrière sous le père de l’indépendance Habib Bourguiba, tout comme Béji Caïd Essebsi. Docteur en droit social formé à la Sorbonne à Paris, il sera ministre des Affaires sociales à deux reprises sous Bourguiba, dans les années 1970 et 1980.
Après la prise de pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali, qui renversa Bourguiba en 1987, Mohamed Ennaceur quitte le devant de la scène politique. Il devient néanmoins le représentant de la Tunisie auprès des institutions des Nations unies à Genève.
Fondateur d’une revue et d’une association consacrées au droit social, il revient au gouvernement comme ministre des Affaires sociales à la faveur de la révolution de janvier 2011, dans l’équipe de M. Essebsi, alors Premier ministre.
En février 2014, il rejoint la formation anti-islamiste Nidaa Tounès de Caïd Essebsi, et il est élu à l’Assemblée des représentants du peuple, le nouveau Parlement, lors d’un scrutin remporté en octobre par son parti.
Il est un des principaux représentants des héritiers de Bourguiba dans Nidaa Tounès, parti hétéroclite regroupant aussi bien des figures de gauche que des représentants du centre droit et d’anciens responsables du régime déchu de Ben Ali.
En pleine crise politique en janvier 2014, Caïd Essebsi avait tenté sans succès d’imposer Mohamed Ennaceur à la tête d’un gouvernement d’indépendants pour conduire le pays aux élections de cette fin d’année.
Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha avait bloqué cette nomination, jugeant Ennaceur trop proche de Nidaa Tounès. Durant son temps à l’Assemblée, il a souvent cherché le consensus autour des décisions à prendre.