Les choses semblent s’accélérer au Gabon où les 9 juges de la Cour constitutionnelle ont décidé, la nomination de Mme Lucie Milebou Aubusson en tant que présidente par intérim, pour pallier à « l’indisponibilité temporaire » du président Ali Bongo.
Le premier ministre a argué de l’impératif de traiter des « cas d’urgence, des dossiers dont l’examen ne peut être différé et qui sont actuellement pendants au gouvernement. Plusieurs textes législatifs et réglementaires sont également en attente d’adoption. »
Ainsi donc Mme Aubusson, à la tête du Sénat depuis 2015, va prêter serment pour entamer ses nouvelles fonctions « temporaires » de président par intérim.
Cette décision suscite beaucoup d’interrogations : Pourquoi une telle précipitation ? Ali Bongo n’est pas encore « immobilisé » depuis un mois (il l’est depuis le 24 octobre) et, en principe la « vacance » du pouvoir ne doit être prononcée qu’après 3 mois.
Bien sûr, il n’est pas encore question de vacance du pouvoir ; mais c’est tout comme. Il est permis de penser que l’état de santé de Ali Bongo est beaucoup plus sérieux qu’annoncé par le gouvernement gabonais auparavant.
Et qu’il n’y a pas de perspective d’amélioration rapide qui permettrait à Ali Bongo de retrouver la plénitude de ses moyens pour assumer ses fonctions constitutionnelles. Un autre problème est que l’intérim est limité dans le temps, en principe pour 3 mois et il faudrait, ensuite, si Ali Bongo n’est pas sur pied, constater la vacance du pouvoir et organiser de nouvelles élections présidentielles.
Si un tel scénario se concrétise, le Gabon se retrouverait dans une situation grosses d’incertitudes. C’est déjà le cas, en vérité, car la communication sur l’état de santé de Ali Bongo est floue et peu crédible.
Il est peut-être temps d’informer aussi objectivement que possible les citoyens gabonais et les préparer à toutes les possibilités d’évolution de la situation. C’est la meilleure manière de restaurer calme et confiance dans le pays et d’imposer les principes de l’État de droit.