Les partisans des anciens chefs d’État Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, se sont rencontrés à Abidjan.

Le meeting, rassemblant partisans des ex-présidents Bédié et Gbagbo, qui se tient, ce jour, à Abidjan devrait susciter des inquiétudes légitimes. Non, en terme de mobilisation, mais pour le symbole ethniciste dont il est l’illustration.

Le but de cette manifestation politique contre-nature est bien de mobiliser pour la haine et la rancune : « tout sauf Ouattara », et donc, pousser les ultras des ethnies Baoulé et Bété à rejouer le match des confrontations sanglantes de la guerre civile.

L’ironie tragique de ces retrouvailles, autour de cet agenda pernicieux, est que les deux principaux protagonistes, à savoir Bédié et Gbagbo, sont aussi les principaux responsables des évènements violents qui ont balafré la terre de paix, de symbiose culturelle et de rassemblement politique, irriguée par le génie de Félix Houphouet Boigny, père de l’indépendance ivoirienne.

La « réconciliation nationale » mise en exergue est un alibi comme les sorties multiples de Bédié contre les « étrangers » et qui remettent au goût du jour son concept diabolique d’ivoirité le démontrent.

En vérité, les deux ex-présidents qui ont semé mort et désolation dans leur pays, confirment leur vision ethniciste d’une Côte d’Ivoire fantasmée. L’évident est qu’un tel pays « avec des ivoiriens de souche » est une fiction.

La Côte d’Ivoire actuelle est née de différents remembrements historiques et coloniaux, et, si on remonte encore plus loin dans le temps, elle est, comme tous les autres pays du monde, un lieu de croisement de différentes communautés et ethnies venues d’horizons divers.

Laurent Gbagbo, l’historien le sait parfaitement et Bédié n’ignore rien de l’origine des Baoulés. Mais cette obsession du pouvoir qui aveugle ces deux « ex » en désespoir d’être sevrés du jouet du pouvoir, dont ils ont usé et abusé.

Raison pour laquelle, ils l’ont perdu, tous les deux, de manière lamentable. Bédié chassé par un coup d’État militaire et Gbagbo arrêté et extradé à la CPI.

Ces deux là n’ont pas pour but de réconcilier le peuple ivoirien ; ils veulent le diviser, en suscitant des sentiments de haine entre les différentes communautés.
Le rendez-vous du jour est bien celui de tous les dangers, car, presque partout en Afrique et ailleurs (ce ne sont pas les Européens où subsistent les mouvements indépendantistes catalan, basque, écossais, corse etc.) qui vont démentir)les tensions ethniques sont, ou un volcan en éruption, ou « endormi ».

Flatter les bas instincts du peuple, manipuler les foules et rouvrir les plaies de la guerre civile, voilà le but recherché. À partir d’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire pourrait entrer dans une zone de turbulence politique qui impacterait négativement son boom économique, et par ricochet toute la zone UEMOA.

Est-il possible de freiner la machine de la haine qui sera mise en branle, avant qu’elle ne cause des dommages terrifiants ? Les autorités ivoiriennes, garantes de la sécurité et de la paix publiques, ont un devoir de vigilance à exercer. Elles n’auront pas l’excuse de la surprise.