Depuis que la plupart des pays africains sont sortis du joug colonial en 1960, ils ont vite adopté le système démocratique en vigueur dans le vieux monde. Cependant, l’apprentissage n’a pas été facile. Des coups d’État militaires ont jalonné cette marche vers les années 1970- 1980. Il y a eu ensuite, la phase des conférences nationales. Depuis les années 2000, l’Afrique est entrée dans le temps des élections, même si celles-ci restent encore entachées d’innombrables irrégularités.
En Angola, l’ancien Président José Edouardo Dos Santos, après 38 ans de pouvoir, a décidé de quitter les Affaires au profit de son ancien ministre de la Défense et dauphin, M. Joao Lourenço, qui fut élu le 23 août 2017, suite à des élections, jugées globalement acceptables. Nul ne s’attendait à un tel changement dans ce géant d’Afrique centrale, où le pouvoir était jalousement gardé par le Camarade Numéro 1, Dos Santos, patron incontesté du MPLA (Mouvement populaire pour la libération de l’Angola) et du Gouvernement depuis 1975.
Au Sud Soudan, la guerre qui faisait rage depuis 1956 et qui a repris au lendemain de l’indépendance du pays vis-à-vis de la République du Soudan, le 9 juillet 2011, vient encore de connaître un début de solution, grâce à un accord de partage du pouvoir, signé en août 2018, à Khartoum, entre le président Salva Kiir Mayardit et son rival, Riek Machar, qui redevient, en vertu de cet accord, le 1er vice-président du gouvernement du Sud Soudan.
En République démocratique du Congo (RDC), l’inamovible président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 (17ans), vient de désigner son dauphin l’ancien ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du parti présidentiel, le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie) à la prochaine élection présidentielle, prévue en décembre 2018.
Kabila qui a gardé le suspense jusqu’au milieu de la journée du 8 août 2018, pour annoncer, enfin, le nom de celui qui représentera le parti au pouvoir qu’il dirige en main de maître, depuis qu’il a hérité le pouvoir de son père, Laurent-Désiré Kabila assassiné le 16 janvier 2001. On ne s’attendait pas à ce que Kabila fils, renonce à se présenter pour un 3ème mandat, interdit par la constitution. Il est vrai que la pression de la communauté internationale a beaucoup contribué à faire fléchir le dictateur de la RDC. On note cependant, que son dauphin Emmanuel Ramazani est sous le coup des sanctions décidées par l’Union européenne, en mai 2017, contre des personnalités du régime de Kabila.
Au Mali, le président sortant, Ibrahima Boubacar Keïta, s’apprête à affronter au second tour, son challenger Soumaïla Cissé, déclaré 2ème d’après les résultats de la présidentielle du 29 juillet dernier. En dépit des contestations multiples, dues, à des manquements irréfutables, l’on reconnait que le Mali reprend quand même son souffle démocratique.
Au Sénégal, pays considéré comme l’une des rares vitrines de la démocratie en Afrique, avec (0) zéro coup d‘Etat, depuis 1960 et deux alternances démocratiques, le pays vit déjà dans une ferveur pré-électorale, en attendant le rendez-vous du 24 février 2019. L’opposition, regroupée, dans un Front national pour la Résistance (FNR) donne de la voix et s’entretient librement avec les chefs religieux et les ambassades étrangères basées à Dakar, pour vilipender le régime du président Macky Sall. Serein et confiant, ce dernier défie l’opposition et l’invite à discuter au tour de son bilan, jugé très positif, à bien des égards.
En dépit des déclarations de va-t-en guerre provenant généralement des officines politiques, le peuple, comme d’habitude, reste calme et attend, de pied ferme, le jour « J » pour sanctionner, sévèrement, les marchands d’illusion, de quel que bord qu’ils puissent appartenir.
Ainsi, la démocratie tropicale suit, malgré tout, une évolution normale, d’autant que les élections, remplacent petit-à- petit et un peu partout, les récurrents coups d’État militaires d’autres fois. Comme, on peut le constater également, les populations, apprennent à devenir, de plus en plus, exigeantes.