Pour l’Union Européenne (UE), les manifestations au Cameroun ont donné lieu à un « usage disproportionné de la force par les forces de sécurité ». C’est suite à ces manifestations organisées la semaine dernière que le principal opposant Maurice Kamto a été arrêté par les autorités camerounaises.
Ces manifestations du parti de Maurice Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), non autorisées par Yaoundé, « ont donné lieu à un usage disproportionné de la force par les forces de sécurité », a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de l’UE, cité par l’AFP. Lors de ces manifestations, plusieurs centaines de personnes ont marché à l’appel du MRC dans plusieurs villes du pays, en présence d’un fort déploiement des forces de sécurité.
À Douala, des vidéos de violents faces-à-faces entre forces de l’ordre et manifestants ont circulé sur les réseaux sociaux. Selon des militants du MRC, plusieurs personnes ont été blessées par balle à Douala samedi. « Quelques échauffourées ont eu lieu suite à l’attitude particulièrement agressive de quelques participants à la marche », a concédé le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi. « Aucun coup de feu à balle réelle n’a été tiré », a néanmoins assuré le ministre.
Depuis le 26 janvier dernier, 200 personnes ont été interpellées, selon le MRC, dont Maurice Kamto lundi soir et une majorité des cadres du parti. Yaoundé n’en compte que 147, selon René Sadi vendredi lors d’une déclaration sur Radio France Internationale (RFI).
Tous font l’objet d’une enquête préliminaire pour huit chefs d’accusation dont la « rébellion, l’incitation à la haine et l’hostilité à la patrie », d’après le MRC. 34 personnes interpellées samedi ont comparu vendredi devant un tribunal de Yaoundé, selon l’AFP.
Il est reproché aux 34 prévenus d’avoir participé samedi à une manifestation non autorisée, d’avoir empêché les forces de maintien de l’ordre de disperser les manifestants et de ne pas s’être retirés à la première sommation de ces forces, selon l’acte d’accusation lu lors du procès.
Depuis l’annonce des résultats de la présidentielle, fin octobre, le MRC a plusieurs fois marché contre ce qu’il qualifie de « hold-up électoral ». D’après les résultats du Conseil constitutionnel, Maurice Kamto est arrivé deuxième (14,23% des suffrages) derrière Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir, réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix. Pour rappel, Paul Biya règne en maître absolu au Cameroun depuis 1982.