Plus de 1000 personnes ont été arrêtées depuis le début, vendredi, de manifestations contre le pouvoir en Égypte.

Plus d’un millier de personnes ont été arrêtées en Égypte après de rares manifestations la semaine dernière et un nouvel appel à manifester vendredi contre le président Abdel Fattah Al-Sissi.

Répondant à l’appel d’un homme d’affaires exilé, des centaines de personnes ont bravé vendredi soir l’interdiction de protester contre le pouvoir, au Caire et dans d’autres villes, réclamant le départ du président aux cris de « Sissi dégage ».

Les forces de l’ordre ont dispersé les protestataires à l’aide de gaz lacrymogène, et depuis, elles ont arrêté par centaines des manifestants, des journalistes et des militants politiques.

Ces arrestations ont été dénoncées par des ONG internationales comme Amnesty International, Human Rights Watch ou The Committee to protect journalists (CPJ). Une coalition de gauche, le Mouvement démocratique civil, a demandé mardi aux autorités de relâcher toutes les personnes arrêtées, et appelé à un « dialogue national ».

Le Centre égyptien pour les libertés et les droits a affirmé que 1.003 personnes avaient été arrêtées depuis vendredi, selon l’AFP. Le Centre pour les droits économiques et sociaux, a lui parlé de 1.298 arrestations.

Parmi les dernières personnes arrêtées, figurent plusieurs universitaires connus pour leurs positions critiques vis-à-vis du gouvernement. Khaled Dawoud, ancien responsable du parti libéral d’opposition Al-Dostour, a été interpellé et déféré mercredi en justice, ont indiqué sur les réseaux sociaux des avocats défenseurs des droits humains.

Al-Dostour a été fondé en 2012 par le prix Nobel Mohamed El-Baradei, qui vit en Autriche depuis 2013. Politicien et journaliste connu, Dawoud fait partie du Mouvement démocratique civil. Hazem Hosni, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, a aussi été arrêté mardi. L’universitaire faisait partie de l’équipe de campagne de Sami Anan, candidat à la présidentielle en 2018 face à Sissi. Ancien général et chef d’état-major, Anan avait été arrêté après avoir annoncé sa candidature.

Dimanche, la célèbre avocate et militante des droits humains Mahienour El-Massry avait été arrêtée après avoir assisté à des interrogatoires de manifestants.

Après cette vague d’interpellations, les autorités n’avaient encore fait aucun commentaire officiel mercredi.

En juillet 2013, Al-Sissi avait piloté la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi. Au cours du même été, des centaines de partisans des Frères musulmans avaient été tués lors de la dispersion d’un sit-in au Caire, selon des ONG internationales. Depuis, les manifestations contre le pouvoir ont été interdites.

Encouragé par les manifestations du 20 septembre, l’entrepreneur Mohamed Aly, en exil en Espagne, a lancé samedi un nouvel appel à descendre dans la rue vendredi prochain. Dans une série de vidéos diffusées sur internet, il avait accusé le président et l’armée de corruption. Allégations rejetées par Al-Sissi. Le président égyptien jouit de soutiens à l’étranger où plusieurs pays comme les États-Unis voient en lui un rempart contre les extrémistes.

En marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, où se trouve aussi M. Al-Sissi, le président américain Donald Trump a qualifié lundi son homologue égyptien de « vrai leader ».