Des milliers de manifestants soudanais ont accompli la prière hebdomadaire musulmane du vendredi devant le QG de l’armée à Khartoum, poursuivant leur sit-in pour obtenir le transfert du pouvoir par l’armée à une administration civile.
Depuis le 6 avril, les manifestants sont rassemblés jour et nuit devant ce QG, dans le prolongement d’un mouvement de protestation déclenché le 19 décembre qui s’est muer en contestation contre l’ex-président Omar El-Béchir.
L’ex-président soudanais a été destitué le 11 avril par l’armée après près de 30 ans de règne sans partage et un Conseil militaire de transition a pris le pouvoir pour deux ans. Les manifestants réclament aujourd’hui le transfert du pouvoir à une autorité civile.
« Pour un gouvernement civil libéré de tout militaire », pouvait-on lire sur une banderole alors que des groupes de contestataires venus de l’État de Sennar (sud-est) et du Kordofan-Nord (centre) ont rejoint la foule.
Omar El-Béchir est recherché par la Cour pénale internationale à la suite d’accusations de génocide et de crimes de guerre au Darfour où des insurgés issus de minorités ethniques, s’estimant marginalisés, ont pris les armes en 2003 contre le pouvoir de Khartoum, aux mains de la majorité arabe.
Dans une mosquée dans le sud de Khartoum, un imam réputé très conservateur, Abdelhaï Youssef, a appelé, selon l’AFP, de son côté à un rassemblement lundi pour protéger la loi islamique (charia).
Dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, le Conseil militaire a jusqu’à présent résisté aux appels à céder le pouvoir, y compris ceux de la communauté internationale. Trois des dix membres du Conseil militaire ont toutefois démissionné mercredi sous la pression de la rue.
Face à une contestation qui va crescendo, le Conseil militaire a annoncé mercredi avoir conclu un « accord » avec l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC) « sur la plupart des exigences présentées » par cette coalition regroupant les principales formations du mouvement de protestation.
Le Soudan est confronté à une situation économique désastreuse. Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, il fait notamment face à un grave déficit en devises étrangères.