Quelques semaines seulement après son élection, le nouveau président de la RDC Félix Tshisekedi a une occasion en or pour respecter ses promesses électorales, notamment celles liées à la lutte contre la corruption.
La lutte contre la corruption est sans nul doute le principal chantier que devra réussir le nouveau président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi. Fraichement élu à la tête de l’un des pays les plus peuplés du continent, Tshisekedi doit faire face à une pratique bien ancrée dans la pratique politique. La bonne foi du nouveau gouverneur de Kinshasa sera mise à l’épreuve très prochainement. En effet après la présidentielle et les législatives du 30 décembre, le cycle électoral se poursuit avec la désignation le mois prochain de 108 sénateurs et des gouverneurs dans 24 des 26 provinces de RDC.
Organisés en scrutin indirect, le système de ces élections semble faciliter la corruption. Selon les observateurs, les candidats font campagne auprès de “grands électeurs” de leur province, les 715 députés des Assemblées provinciales élus en décembre au suffrage direct, plus 65 chefs coutumiers cooptés. « Des grands électeurs qui monnaient chèrement leurs voix en dollars, à moins qu’ils ne se laissent approcher par les candidats » estiment les connaisseurs de la question politique en RDC.
En novembre dernier, des chercheurs et universitaires congolais avaient diagnostiqué et dénoncé ce qu’ils avaient appelé « l’enracinement de la culture du +business politique ». Dans cet ouvrage collectif intitulé « Le degré zéro de la dynamique politique », les universitaires ont mis en avant « un clientélisme de notoriété publique » et ils ne sont pas les seuls. La société civile congolaise s’est également rebellée contre ces pratiques. Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) a organisé un sit-in mardi devant le siège de l’Assemblée provinciale à Kananga (Kasaï central) pour dénoncer « les tentatives de corruption des députés provinciaux ».
Selon plusieurs sources, les voix sont monnayées contre des sommes situées entre 25.000 et 50.000 dollars. Des témoignages parlent même de cadeaux somptueux comme des maisons et des voitures de luxe. Afin d’arrêter le cercle vicieux de la corruption, certains proposent que les élections des gouverneurs et des sénateurs se fassent également au suffrage direct dans un pays classé parmi les dix pays les plus corrompus au monde, selon l’indice de perception de l’ONG Transparency International.