L’UE a décidé, ce jour, de prolonger ses sanctions prises en 2016 et 2017 contre plus d’une dizaine de hauts responsables congolais dont Ramazani Shadary, candidat du régime en place pour les élections présidentielles.
En confirmant ses sanctions l’UE adresse un message de fermeté au président Joseph Kabila et le met en garde pour l’avenir. Une clause de « rendez-vous » est mentionnée dans la décision de l’UE qui prévoit un « réajustement » en fonction du déroulement et des résultats des élections présidentielles.
Dans le camp présidentiel où la position de l’UE a suscité un tollé mais les thuriféraires du régime ont voulu considérer la « clause de rendez-vous » comme une lueur d’espoir quant au retournement de « veste » de l’UE si le candidat Shadary était élu.
Mais en réalité, l’UE, par cette mesure, entend suivre les opérations électorales de manière rigoureuse pour juger de leur fiabilité. Il s’agit donc d’une mise en garde d’une fermeté exceptionnelle qui devrait pousser le régime Kabila à éviter toute tricherie.
Le débat est d’une rare complexité car, sans fraude Kabila qui se projette déjà pour le prochain mandat (où il se représenterait comme Poutine), verrait tous ses plans tomber à l’eau. Il n’a pas osé braver la communauté internationale en imposant un troisième mandat ; mais il a choisi un scénario à la Poutine/Medvedev pour garder le pouvoir.
L’intervention de l’UE est une injonction, une ingérence bienvenue pour dissuader les fraudeurs en embuscade. Le problème est que cette rigueur affichée contre Kabila ne l’a jamais été contre aucun autre potentat d’Afrique centrale. Il y a bien deux poids et deux mesures. Même s’il faut se féliciter que Kabila soit écarté, ne serait-ce que momentanément.
Les opposants congolais ont un nouvel argument de campagne contre un candidat « déclaré paria » par l’UE. En effet parmi les sanctions infligées à Shadary figurent le refus de délivrance de visa Shenghen.
S’il était élu et si les sanctions étaient maintenues Shadary serait persona non grata dans presque toute l’Europe. Mugabé avait été victime d’une telle sanction mais avait continué à tenir tête aux Occidentaux. Kabila n’est pas Mugabé et Shadary encore moins.