A Dakar, l’opposition appelait à une grande marche ce vendredi après-midi.

Décidément l’opposition sénégalaise peine à rassembler et à marcher en rangs serrés. Parce qu’elle est traversée de courants totalement opposés, d’individus aux ambitions démesurées qui se détestent cordialement les uns, les autres.

La marche organisée hier ne pouvait donc être qu’un remake de celles, nombreuses qui l’ont précédée et qui n’ont ni soulevé les foules, ni marqué les esprits.

Hier, on a assisté à des « one man shows » successifs avec les différents « leaders », pour la plupart des candidats déclarés à la présidentielle de 2019, qui ont, certes chargé le régime en place ; mais il n’y a eu aucune cohérence globale, aucune ligne unificatrice. Rien que des déclarations intempestives et ridicules comme celle du sociologue Malick Ndiaye qui demande aux partisans du maire de Dakar « d’aller le libérer à la prison ».

D’autres ont attaqué la démocratie sénégalaise en oubliant que leur prise de parole publique dans une marche publique autorisée mettait en exergue et magnifiait cette même démocratie sénégalaise.

Le coordonnateur du PDS, Omar Sarr a affirmé « qu’ils allaient s’opposer au prix de leur vie ». RIDICULE !

En vérité cette marche décousue était courue d’avance car ses organisateurs ne s’entendaient sur rien car « défendre la candidature de Karim » est un pari perdu d’avance. Condamné à 6 ans de prison ferme, le fils d’Abdoulaye Wade ne peut être ni électeur ni éligible. Sa demande d’inscription sur les listes électorales a été logiquement rejetée.

Les « talibés » de Wade qui ont battu le macadam le savent très bien. Leur but n’est pas de faire revenir Karim Wade, encore moins d’en faire un candidat. Mais d’empêcher que quelqu’un d’autre au sein du PDS ne soit investi. Ils vont donc continuer à mener un faux combat jusqu’au bout pour…plaider le boycott. Jamais Wade père ne soutiendra aucun autre candidat. Il n’y a ni plan B, ni plan C.

Les autres prestataires de service de la marche ont saisi l’occasion pour faire leur show, parler pour profiter de leur quart d’heure warholien. On comprend donc qu’ils aient rivalisé d’audace et de vocabulaire tonitruant.

Les opposants ont ainsi amusé la galerie et permis à une presse complaisante et peu professionnelle de remplir ses espaces désespérément vides d’émissions intéressantes, de pages d’analyse et de réflexion, voire simplement d’informations sérieuses.

C’est une sorte de dérive inquiétante qu’il faut dénoncer car la démocratie n’est pas un jeu de dupes. Le peuple mérite beaucoup mieux de la part de ses « hommes politiques », ceux qui aspirent à le diriger.

Ces opposants à la démarche boiteuse caricaturent la pratique politique et font peu cas du respect dû au peuple sénégalais. Mais ils se tirent des balles au pied car les citoyens sénégalais sont matures et refusent toute manipulation.

Ils ne sont pas amnésiques et se rappellent d’avoir combattu et vaincu Abdoulaye Wade le 23 juin 2011 lorsqu’il avait cherché à faire voter une loi pour instituer la « dévolution monarchique du pouvoir ». Comment aujourd’hui, toute honte bue, organiser une marche « pour Karim Wade » ? Le présenter comme un recours ? Un messie ? Quelle honte !

Quel mépris de soi pour ces « cadres du PDS » pour qui le père Wade n’a aucune considération. C’est pour quoi ce sera Karim ou personne ! Le PDS est la propriété personnelle de Wade. C’est aussi ce que la marche du jour a illustré.

En ce qui concerne les partisans de Khalifa Sall, ils ont été des figurants et rien d’autres. Ils sont désemparés car ils savent bien que le maire de Dakar a fauté et qu’il n’y a aucun doute sur cela.

Il a été condamné en première instance à 5 ans de prison ferme et les preuves sont accablantes : des dizaines de fausses factures signées de sa main et un milliard 800 millions de FCFA détournés.

Aucun tour de passe-passe ne peut changer cela, aucune manipulation médiatique. Aucune marche, non plus !